Tu n'es pas un roi mon fils, ni dans cette maison ni en dehors. C'est ce que sa mère ne cessait de répéter. Il n'était qu'un minot. Ce n'était que des paroles en l'air, des mots dits sur le bout des lèvres, lâchés dans l’atmosphère dans un murmure à peine audible. Un mot dont elle ne comprenait pas vraiment le sens, pour elle ce n'était qu'affectif envers son fils capricieux. Souvent d'ailleurs, il pouvait entendre son rire cristallin après cela. C'était un son pur, doux qui venait caresser ses oreilles. Qu'il aimait entendre ce rire. C'était sa mélodie du bonheur. Il n'en parle plus aujourd'hui. Il peine même à se souvenir de sa voix, plus encore de son rire. Il se perd parfois à essayer, noyé dans ses souvenirs lointains. Alors il s'en crée de toute pièce, des souvenirs factices, ses propres mensonges auxquels il croit qu'ils lui rappellent qu'autrefois, il touchait le bonheur du bout des doigts. Mais il ne peut pas fuir qui il est. Il ne peut pas fuir sa conscience et encore moins son inconscient. Il est coincé dans sa tête, dans son corps mais il n'était pas forcément coincé dans cette ville. Il y avait tant à voir dans ce magnifique pays. Fervent croyant, il sait que les choses sont supposées être comme ça. Le destin, il y a toujours cru. Il marche sur les lignes que le divin a tracées pour lui. Peut-être se laisse-t-il facilement tomber dans l'illusion de la fatalité. C'est peut-être pour ça qu'on dit de lui qu'il est parfois indifférent à ce qui l'entoure, quand ça ne concerne pas son pays ou sa famille. Indifférent aux choses qui l'entourent parce qu'il sait qu'au final, tout finira comme ça doit se finir. Il ne lutte plus contre lui-même. La mort, il ne la craint plus. Les démons, ils ne l'effraient plus. La peine, il ne la ressent que rarement. Sans cœur? Non, loin de là, il est là, il bat souvent à tout rompre. Il le sent dans sa poitrine. Il ne montre jamais les crocs et pourtant, la rage s'empare souvent de lui. Pour son pays, pour sa patrie, pour son Tisroc, pour son Dieu; Rhaego serait prêt à tout. Même au pire. C'est un patriote fanatique, il en parle d'ailleurs souvent avec excès. C'est son pays avant les autres. Excessif dans tout; avant de devenir un guerrier Calormène, il baignait dans la luxure. Les filles de joie, le vin, il dépensait la richesse de sa famille. Son nom de famille lui ouvrait toutes les portes de Tehishbaan et il en profitait. Hautain, il l'était. Il était sûr de lui, trop sûr. Il l'est encore aujourd'hui, mais moins. Et bien qu'il place les calormènes au dessus des autres, pour lui tout les calormènes ne se valaient pas. Il se sentait supérieur. Le bas peuple? C'était très peu pour lui. Aujourd'hui encore, il a parfois du mal à penser que dans l'armée, il n'a pas de statut social, ou du moins pas encore. Quand on lui parle comme s'il était le fils d'un vulgaire marchand de poissons, il a envie de demander s'ils savent qu'il est en bombant le torse. Il est peut-être trop fier mais il n'est pas n'importe qui. Il né pas n'importe qui. Il lui a fallu de nombreuses années pour prendre du plomb dans la tête. Son arrogance laisse peu à peu place à son courage. Il a confiance en lui, c'est comme s'il était né avec une épée entre les mains. Il est tenace, il ne lâche rien. C'est un dominant, autoritaire, il peine encore à recevoir des ordres. Pour ce et ceux qu'il aime, il a cependant toujours été protecteur et affectif. Peut-être est-ce parce qu'il est le grand frère de la famille Ba'al, peut-être est-ce qu'il tient ça de mère et que sa soeur jumelle a toujours su lui montrer son affection. Il ne se donne pas facilement mais quand il le fait, il le fait à cent pour cent. C'est quelqu'un d'entier.

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