Erran me tendit une épée en bois puis prit la sienne. Je regardais autour de nous, vérifiant qu'il n'y avait personne, puis je tentais de l'attaquer. Il n'était pas très agile à cette époque. Parfois, j'arrivais à l'atteindre, mais souvent il parvenait à récupérer mon morceau de bois ou à le faire tomber. Cependant, jamais il ne m'attaqua. Jamais il ne me blessa. Jamais il ne me fit tomber. Ce jeu-là, on ne le faisait pas pour moi, on le faisait pour lui. Pour l'entraîner un peu car il venait de commencer les cours d'escrime avec notre maître d'armes. C'était un homme impressionnant celui-là, il m'avait toujours fait un peu peur. Père me me prit sur ses genoux un jour pour m'expliquer en me désignant cet homme, qu'un jour j'aurai besoin de lui. Pas pour apprendre à me battre. Pas pour aller dans l'armée narnienne, évidemment. Mais il pourrait me défendre face à n'importe qui. Après quoi je me suis dit qu'il avait peut-être raison. Puis un jour, alors que nous étions de sortie en ville avec Erran et notre mère, il nous a accompagné. C'est à ce moment-là que j'ai compris ce que père voulait dire, lorsque deux miséreux foncèrent sur nous pour quémander notre argent – enfin,  plutôt pour le voler – et que le maître d'armes leur parla avant de les tuer devant nos yeux. Je sais que s'il nous avait éloignés pendant qu'il s'occupait d'eux, nous n'aurions plus été en sécurité, sans sa protection. Ma mère n'a jamais apprit à se battre et mon frère et moi étions trop jeunes. Après cette mésaventure, notre père qui en apprit toute l'affaire nous indiqua qu'il fallait faire attention car certaines personnes du peuple n'étaient pas bienveillantes et étaient pourvues de mauvaises intentions. Mon frère approuva et écouta ses sages mots pendant que je demeurai muette. Ce que j'ai appris ce jour-là, c'est qu'il fallait aider ces pauvres gens pour qu'ils n'aient pas à devoir commettre des vols ou devenir fous et tuer pour obtenir quelque chose. Je n'en dis rien cependant, sachant parfaitement que ce n'était pas ce que l'on nous avait apprit.

J'ai été élevée selon les coutumes narniennes, aussi notre père nous apprit finalement assez rapidement que nous devrions nous marier plus tard. Il nous expliqua aussi que normalement, des mariages arrangés se faisaient entre nobles, donc nous pouvions même épouser un prince ou une princesse calormènes ou archenlandais. Je n'étais pas très emballée à cette idée, car je n'étais pas un homme. Je ne voulais pas quitter ma famille, ma demeure, mon royaume. Aussi, j'étais très jeune et je ne comprenais pas très bien tout ça. Mais notre père nous a vite fait comprendre que nous ne serions jamais obligés d'épouser quelqu'un que nous ne voulions pas avoir pour époux ou pour femme. Nous célébrions des mariages d'amour, c'était beaucoup plus profitable au cœur d'une famille royale selon nos parents. L'amour en revanche, je me demandais ce à quoi ça pouvait bien ressembler. Dès mon plus jeune âge, ma gouvernante m'avait lu de nombreuses histoires à propos de princes et princesses, des chevaliers servants, etc. Je ne comprenais pas pourquoi, en voyant les autres enfants dans Narnia, je devais me réduire à croire à la venue d'un beau prince miraculeusement lors d'un bal, ou bien encore qu'un beau chevalier allait me sauver un jour de méchants ennemis. Nous n'avions même pas d'ennemis à proprement parler... J'ai cherché une logique à tout ça en grandissant, je me suis toujours posée beaucoup de questions. J'aime me faire une idée propre sur toute chose, même si cela doit prendre du temps. Et surtout, je passais de nombreuses heures avec ma mère, car Erran était avec notre père dès que celui-ci avait un peu de temps libre à consacrer à quelqu'un. Ma mère me donna des leçons sur le comportement d'une princesse, sa tenue, sa façon de parler. Elle m'apprit également à faire la révérence et me fit réciter les noms des princes, princesses, rois, reines, tisrocs et plus encore afin que je puisse rapidement les reconnaître lorsque je les verrais. Enfin, les reconnaître après avoir fait leur connaissance, mais partir avec une base sur les gens étaient un petit bonus. En somme, j'apprenais ce qu'une princesse devait apprendre dans les règles de l'art – narnien – dirons nous.

J'ai suivi une éducation différente de celle d'Erran. Il était le futur roi de Narnia, il allait devoir régner et devait être apte de contrôler les sujets militaires, politiques et plus encore. Quant à moi, je devais suivre les règles de bienséance, et j'étais plus libre de certains cours. Je pouvais apprendre à jouer d'un instrument de musique par exemple, ou bien encore monter à cheval. J'adorais la musique, mais je ne désirai pas tant que ça en jouer, aussi je me dirigeai plutôt vers la nature en apprenant à monter sur un superbe étalon narnien, très ronchon mais une fois qu'il s'était habitué à moi et moi à lui, nous étions devenus très proches et étions devenus de très bons amis. J'adorais ce cheval. Et en souvenir des lectures de mon enfance, et maintenant que j'avais bien appris à lire, je passais beaucoup de temps dans l'immense bibliothèque de Cair Paravel à explorer nos nombreux ouvrages. Je ne pourrais jamais tous les lire, mais j'adorais y passer régulièrement. J'avais le temps de lire, et je trouvais toujours un endroit pour le faire, bien au calme, parfois en allant près du lac, d'autres fois près d'un pommier, allongée dans l'herbe. J'aurais aimé apprendre des tonnes d'autres choses, mais je devais me contenter de quelques enseignements à bien approfondir. Certains étaient cependant obligatoires, tels que la danse. Voir les femmes danser lors des bals m'avait toujours fascinée, aussi, lorsque j'étais petite, j'allais danser – n'importe comment, il ne fallait pas exagérer – en espérant qu'un jour je sois parmi ces femmes, avec un cavalier et que je puisse danser des nuits entières. J'étais une princesse, j'avais envie de choses que je voyais, auxquelles j'étais habituée. Mais à Narnia nous pouvions par chance nous mêler au peuple sans trop de soucis, bien que nous ne pouvions évidemment jamais rester seuls sans gardes généralement. Je ne pouvais pas toujours aller où je voulais, mais j'essayais dès que possible d'aller dans la capitale jouer avec les autres enfants, prêter mes jouets ne serait-ce que le temps d'un après-midi à d'autres. En grandissant, je leur racontais même les histoires que j'avais lu, tandis qu'ils me racontaient des histoires que leurs parents leurs avaient contés ou qu'ils avaient vécus.

Mon petit frère, Drysan, aimait beaucoup venir avec moi en ville lorsque je m'y rendais. Erran était l'aîné, moi la cadette, et lui le benjamin. Il avait quelques années de moins que nous, aussi notre éducation n'avait pas été faite en même temps que la nôtre. J'en étais moins proche quelque part, mais je tentais de changer ça lorsque je fus suffisamment âgée. Je lui lisais à lui aussi des histoires, l'emmenais voir des spectacles qui avaient lieu dans la capitale. Cependant, en grandissant, je me rendis compte que je souhaitais quitter Narnia de temps à autre. Me rendre utile, participer à la vie du royaume autrement qu'en commençant à aider les pauvres en leur apportant des vivres, des vêtements, des couvertures, en essayant de leur faire construire quelques endroits où loger, etc. Je voulais que tous les gens du bas peuple n'aient pas à vivre dans la misère, qu'il n'y ait plus besoin de voler ou encore d'agresser ou tuer pour manger ou se trouver une place au chaud, un toit. Je voulais que ma parole compte et je voulais surtout montrer à mon père que même si j'étais une femme, je pouvais moi aussi être apte à être diplomate, à régler des conflits, aider politiquement, etc. Tout avait un lien avec la politique finalement, et c'est ce qu'il me manquait pour parfaite mon éducation et améliorer ma vie et celle des habitants de Narnia. En parlant avec Erran, j'ai donc appris qu'il avait un tuteur qui lui enseignait l'art de la politique, lui apprenait les situations des différents royaumes, et tout ce qu'il fallait savoir en général pour bien gouverner. Evidemment, notre père et ses conseillers étaient les mieux placés pour lui inculquer tout ça, mais le tuteur était là pour fournir les bases et donner un maximum d'informations sur le sujet. C'était un peu apprendre la théorie avant de se mettre à la pratique. Je demandais donc à mon père de suivre des courts particuliers à mon tour avec ce tuteur car je souhaitais apprendre à maîtriser le sujet. Il eut à réfléchir quelques temps avant d'accepter, ce qui me fit percevoir qu'il avait une idée en tête en me permettant de faire ce que je désirais. Je pris donc des cours avec cet homme qui me fit une très mauvaise impression dès notre première rencontre. Il ne s'attendait pas réellement à devoir me faire cours à moi. Je ne m'attendais pas à ce qu'il se montre aussi froid et distant, presque réticent à m'enseigner la politique. Mais avec le temps, il n'eut d'autre choix que de me voir apprendre vite mes leçons. Je passais mon temps libre à bien reprendre tout ce qu'il m'avait enseigné pour ensuite aller faire des recherches dans la bibliothèque de Cair Paravel pour qu'à chaque nouveau cours, j'ai des connaissances, des renforcements faits sur les bases qu'il m'avait apprises et il me prit alors réellement au sérieux. J'ignorais s'il me respectait enfin, mais il en avait tout l'air, et il m'apprit même quelques sujets auxquels je ne m'attendais pas. Il avait de bonnes connaissances, j'ignorais qui il était mais j'aimais beaucoup ses leçons et je l'appréciais.

Lorsque j'eus bonne connaissance de la politique, des autres royaumes et de quelques affaires du royaume, mon père me proposa le poste d'ambassadrice. Ce n'était pas vraiment ce pourquoi j'avais demandé ces cours, mais après quelques discussions passées avec lui, ma mère, Erran et même mon tuteur, je finis par accepter. Lorsque Erran régnerait, il aurait ainsi toujours quelqu'un de confiance à ses côtés pour porter sa parole dans les autres royaumes si besoin était. Dès lors, j'ai appris également à mieux manier l'art de la parole, la diplomatie et j'ai du travaillé mon charisme. Contrairement à certains membres de ma famille, je n'étais pas née avec toutes ces qualités, aussi j'avais à les apprendre et à les travailler chaque jour. Avec le temps, mon père décida de m'envoyer faire mon devoir en Archenland et à Calormen, ce qui me permit de rencontrer les autres familles royales un peu plus au complet et de connaître les autres ambassadeurs. C'était très intéressant, plus que je ne l'imaginais finalement. Mais je gardais mes projets pour les pauvres en mémoire, et décidais d'organiser quelques collectes parfois dans les villages et la capitale pour les plus démunis, ou essayais de récolter des fonds pour réhabiliter de vieilles bâtisses abandonner pour y héberger quelques personnes. Rien n'était parfait, mais Narnia reste un royaume empli de beauté. J'apprécie également les autres, mais je ne me sentirais jamais mieux que chez moi. Le seul inconvénient, qui nous touche tous malheureusement, ce sont les drames à répétition. Ces explorations, cette conquête du nouveau monde, ces îles et ces terres inconnues au nord, au sud... Malheureusement, beaucoup d'hommes, de soldats, de paysans et plus encore partent mais ne reviennent pas. Trop de mauvaises nouvelles et pas assez de découvertes. De plus, le temps est déréglé depuis quelques mois, depuis cet événement à Tashbaan. Je ne sais pas très bien quoi penser de tout ça, mais j'ose espérer que nous arriverons rapidement à régler ces problèmes...

PRÉNOM/PSEUDO : Moriarty ÂGE : 21 ans COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM ? Je l'ai créé VOTRE DISPONIBILITÉ : Tous les jours DES REMARQUES, DES IMPRESSIONS : Je n'ai jamais vu aussi somptueuse beauté, et je dois surtout dire... quel merveilleux travail sur les couleurs, on sent que ça a été bien bossé CRÉDITS : drewrph (tumblr) antartica (avatar) MOT DE LA FIN : L'ère des DC a commencé et n'est pas prête de s'arrêter