Au nord de Tehishbaan et de la Grande Rivière, à la lisière du Grand Désert, au milieu des plaines dénudées, se trouve un Grand Temple dans lequel officie un ordre de prêtresses au service des Dieux. Si le temple principal du dieu Tash est situé au sommet de la ville de Tashbaan, ce temple semble accueillir tout le panthéon calormène et chaque prêtresse y est associée à un Dieu. Nul ne sait de quand date sa construction mais il est sans nul doute ancien, très ancien, et si certains disent qu’il a été bâti par les premiers calormènes, d’autres murmurent que sa création remonte à des temps encore plus reculés.

Quoi qu’il en soit les histoires qui courent à son sujet semblent souvent tenir lieu de rumeurs ou de légendes. En effet, les rapports entre les prêtresses et le monde extérieur sont très limités, voire pratiquement inexistants. Il s’agit en effet sans doute d’un des ordres les plus secrets de l’Empire et dans son enceinte sacrée, seules les femmes sont admises et celles-ci n’y ressortent plus une fois qu’elles y ont mis le pied. Dans certaines parties de l’édifice, des eunuques sont présent mais ceux que l’on n’appelle les mi-hommes, qui ne peuvent servir que de gardes, de tuteurs ou de servants, mais n’ont en aucun cas accès à un quelconque statut de religieux.

Dans ce qui se murmure, il est même dit que la Grande Prêtresse du Grand Temple ne peut même recevoir d’ordre du Tisroc, le Dieu-Roi, lui-même. Bien sûr, celui-ci a ses grandes prêtresses attitrées dans les différents temples à son honneur dans l’Empire, et il a également sa propre représentante au sein du Grand Temple, mais celle-ci n’a aucun pouvoir sur celle qui est appelée Révérende Mère. Parmi les histoires calormènes, certains parlent même de fameux Labyrinthe qui cache de grands secrets, un dangereux pouvoir ainsi que de nombreuses richesses.

Pendant toutes ces années, et malgré l’avidité de ceux qui se succédèrent au trône, il sembla – jusqu’à aujourd’hui – que l’ordre ait été laissé en paix, comme si la crainte qu’il inspirait ainsi que toutes ces histoires terrifiantes sur les choses dangereuses qui hantent la région désertique dans lequel il est implanté suffisait à les protéger. Mais la chose n’allait pas durer et l’avidité des hommes et des seigneurs calormènes allaient bientôt mettre en péril cette paix.

Dans l’enceinte sacrée vivent environ deux cents personnes, et il s’y trouve de nombreux bâtiments : de nombreux temples regroupant pratiquement tout le panthéon, la Grande et la Petite Maison, le quartier des gardes eunuques ; et, tout près de l’extérieur des murs, la caserne, ainsi qu’un grand nombre de cabanes où logent les esclaves, les entrepôts, la bergerie avec les moutons et les chèvres, et les bâtiments de la ferme.

De loin, du haut des sèches collines de l’ouest où rien ne pousse que la sauge, l’herbe à fourrage en bouquets épars, et les plantes du désert, cela ressemble à une petite ville. Même de très loin, sur les plaines orientales, il est possible de voir en levant les yeux le toit d’or du Temple du Créateur clignoter et scintiller au pied des montagnes comme un grain de mica dans une corniche rocheuse, comme un hommage à Sa Puissance et à Sa Lumière.

Le temple lui-même est un cube de pierre couverte d’un enduit blanc, sans fenêtres, avec un portail bas. Plus prétentieux, et plus neuf de quelques siècles, est le Temple du Tisroc, un peu plus bas, avec un haut portique et une rangée d’épaisses colonnes blanches aux chapiteaux peints, chaque colonne faite d’un solide tronc de cèdre, arbres apportés par bateau des forêts situées au sud du pays, et traînés par les efforts de vingt esclaves, à travers les plaines dénudées, jusqu’au Grande Temple.

A l’intérieur du Grand Temple, en dehors des chapelles, les murs sont dénudés et les fenêtres absentes. Il y baigne une lumière orangée semblable à celle qui recouvre le Désert à la nuit tombée, lorsque le soleil enflamme les dunes de sable. Les montagnes à l’Est captaient la clarté jaune du soleil aveuglant, tout comme les murs du lieu sacré qui semblait alors ne faire qu’un avec le Désert environnant, aussi mystérieux, dangereux et inaccessible vu de l’extérieur.

Si les calormènes pensent que le culte donnait en ces lieux ne diffère pas du reste du royaume, ils se trompent. Bien sûr il y a des sacrifices, des danses, des chants, des rites à accomplir… Mais il n’est jamais prononcé le nom de Tash. Dans l’ombre du Lieu il n’est pas désigné comme l’Inexorable mais comme l’Innommable. Le devoir des prêtresses du Grand Temple est de prier le Créateur de transmettre sa puissance à la Grande Prêtresse pour qu’elle continue à protéger le royaume.

Mais si Tash n’est pas le Créateur en question, qui est donc ce Dieu, cet être de lumière à l’origine de toutes choses, créateur du ciel, de la terre et de la mère que vénèrent les prêtresses dans ce lieu ? Il est dit dans les prières et dans le Cantique de Lumière que chantent ses servantes, que ni les ténèbres, ni la mort n’existent dans Sa lumière. La bienveillance, la paix, la justice, la lutte contre le mal et la corruption sont mises en avant comme des valeurs essentielles, ce qui n’a rien à voir en effet avec le Dieu haineux, Tash. Et du fait de la traîtrise d’une de celles qui se disait sa servante, ce secret n’allait pas durer.




Un groupe de prêtresses détachées du Grande Temple était à la recherche d’un enfant à travers tout le pays, mais elles ne trouvèrent pas celle qu’elles recherchaient. Loin d’ici, près de Redhaven, la capitale portuaire des Sept-Îles, là où courent les rivières et où l’herbe est verte, une enfant venait de naître. Alors que les mois passaient, c’était un joli bébé aux yeux lumineux et une présence douce et rassurante veillait sur elle, même si la maison dans laquelle elle était née était pauvre et résonnait déjà de cris d’enfants.


Une enfant courait dans la ville, agile sur ses petits pieds nus. Elle ne devait pas avoir plus de quatre ans et elle n’était pas bien grosse. Seule et abandonnée, elle était toute petite, pieds nus et vêtue de haillons mais elle ne semblait pas triste et au bord de l’océan, dans le port de Redhaven, chantait d'une voix claire et pure. Émues par la sincérité et l'émotion de son chant qui lui donnaient une grâce peu commune, les sœurs s’arrêtèrent et décidèrent de la ramener avec elles. Il lui fut donné le nom de Tar.


En grandissant, Tar avait perdu tout souvenir de sa mère, sans s’en rendre compte. Ici était sa place, dans le Grand Temple ; depuis toujours c’était sa place. Certaines fois seulement, durant les longues soirées de juillet, contemplant les montagnes à l’occident, sèches et fauves dans les derniers reflets du soleil couchant, elle pensait à un feu qui avait brûlé dans un âtre, autrefois, avec la même clarté jaune.

En même temps elle se rappelait que quelqu’un la tenait, ce qui était étrange; car ici il était rare même qu’on la touchât ; elle se rappelait aussi une odeur agréable, le parfum d’une chevelure qui venait d’être lavée et rincée à l’eau de sauge, une longue chevelure blonde, de la couleur du soleil couchant et du feu brillant dans l’âtre. C’était là tout ce qui lui restait de son ancienne vie.

Elle venait d’avoir sept ans et malgré son apparente insouciance, elle avait fini par remarquer les regards que lui lançaient la Révérende Mère Shaarana, à la fois bienveillants et sombres, comme emprunts d’une certaine tristesse. Pour l’instant, elle n’était qu’une novice. Un an auparavant elle avait été consacrée au Créateur, et à présent elle n’avait qu’un seul objectif, devenir prêtresse.


Une jeune fille grimpait sur les murs d’enceinte et sur les toits. Elle avait les yeux fixés au nord-ouest, comme si ses yeux pouvaient voir loin, à travers le Désert et les chaînes de montagnes. Elle se demandait comme étaient les choses, là-bas, ce qui pouvait bien se passer là où venaient s’éteindre les derniers rayons du soleil. Ici les choses étaient toujours les mêmes et les heures semblaient s’écouler, inexorablement sans que rien d’autre ne se passe. Son côté espiègle et rebelle finissait même par se calmer, de la même manière que s’érodent les pierres dans le désert pour ne plus laisser qu’une surface douce et lisse.


Elle avait quinze ans. Elle était devenue femme depuis plus d’un an et était alors devenue Taru, une des prêtresses de l’ordre, la plus jeune de l’histoire du Temple. Une fois terminées les cérémonies de sa consécration, les jours avaient continué à s’écouler comme ils l’avaient toujours fait. Il y avait la laine à filer, l’étoffe à tisser, la farine à broyer, les rites à accomplir ; la Cantique de Lumière Cantiques devait être chantée chaque matin et chaque soir, les seuils devaient être bénis, les Pierres nourries de sang de bouc deux fois l’an, les danses du noir de lune dansées pour le retour de Sa lumière. Et c’est ainsi que toute l’année s’était écoulée, exactement comme toutes les précédentes ; toutes les années de sa vie devraient-elles se dérouler ainsi ?




La Révérende Mère Shaarana était mourante, atteinte d’une mal que nul n’avait pu identifier. Sa santé diminuait de jour en jour et l’éclat dans son regard faiblissait. Elle avait fini par désigner son successeur, sentant qu’elle n’avait plus la force pour continuer à mener à bien sa tâche. A la grande déception de son bras-droit, la prêtresse du Tisroc, Serena, ce fut la jeune Taru qu’elle désigna. Après lui avoir transmis les clés, la Voie du Labyrinthe qui menait jusqu’à la porte du Secret et à la salle du Mur des Prophéties, la vieille prêtresse lui confia que cela avait toujours été son rôle, sa place, qu’elle était l’enfant qu’avait cherché les prêtresses toutes ces années mais que c’était elle qui était venue à elles.

Même si au fond d’elle Taru ne pouvait le nier, elle n’arrivait pas à imaginer l’ordre mené par une autre personne que la Révérende Mère, cette femme qu’elle aimait autant qu’elle admirait. Elle refusait de croire à sa fin proche et priait pour que le Créateur protège celle qui avait toujours été une fidèle servante. Elle était jeune, si jeune, elle n’avait pas sa sagesse ni même celle de nombreuses autres prêtresses à qui cette tâche aurait pu incomber. Mais elle avait du se faire à l’idée que c’était elle, qu’elle deviendrait la Grande Prêtresse et qu’elle devait rester forte, non pas pour elle mais pour le Grand Temple tout entier et ses sœurs.

Cependant, suite à un coup monté et d’injustes accusations, Taru fut accusée d’avoir empoisonné la Révérende Mère. Alitée, celle-ci déclara qu’elle avait le cœur brisé par sa perfidie et bien que la jeune prêtresse clama son innocence, celle-ci refusa de la croire, les fausses preuves se retournant contre elle. Pour Taru cela n’avait aucun sens, comment pouvait-elle croire une telle chose alors qu’elle n’avait aucun motif de faire du mal ? Il sembla que le travail de la personne qui l’avait piégé avait bien fait son œuvre car elle avait perdu toute crédibilité et la confiance de son mentor.

Blessée que celle qu’elle avait considéré comme une mère change si vite de sentiment à son égard, Taru comprit que cela ne servait à rien de continuer. La Révérende Mère la libéra de toutes ses obligations au sein de l’ordre, la destitua de tous les pouvoirs dont elle l’avait investi et lui reprit les clés du Labyrinthe. La prêtresse Serena lui fit alors remarquer qu’elle ne devrait pas s’arrêter là mais la mettre sous verrou pour garantir leur protection. Taru sentait bien que s’il y avait quelqu’un derrière toute cette machination, cela ne pouvait être que Serena, mais elle n’avait bien entendu aucune preuve. La Grande Prêtresse Shaarana lui demanda de se préparer à sa décision finale.

Son  intuition se révéla d’ailleurs juste et ce fut donc sans surprise que Serena vint par la suite lui rendre visite dans les cachots. Il sembla que celle-ci n’avait pas l’intention d’attendre que Shaarana désigne un nouveau successeur et elle avait plutôt choisi d’agir de façon déloyale en faisant pression sur la jeune Taru pour qu’elle lui livre les Incantations et le chemin à travers le Labyrinthe. Mais celle-ci resta ferme, lui disant qu’elle ne ferait que perdre son temps car elle ne révélerait aucun secret et ne trahirait jamais son ordre. Elle s’emmura ensuite dans le silence et lorsque Serena finit par quitter sa cellule, agacée et frustrée, ce fut la dernière visite qu’elle eut.

Dans les jours qui suivirent elle put entendre des cris et des clameurs, comme si d’horribles choses étaient en train de se produire dans le Grand Temple. Dans le froid et la faim, elle continua cependant à prier et chanter pour le Créateur. Quelque chose de terrible se préparait, l’obscurité était là et cette fois-ci les choses allaient changer, mais sans doute pas de la manière qu’elle l’aurait souhaité et elle n’était pas certaine de pouvoir enrayer le Mal qui semblait s’être installé dans le lieu sacré.

PRÉNOM & PSEUDO : Je m'appelle Lily mais si vous me cherchez sur internet vous me trouverez partout sous le pseudo de SweetGumiho. ÂGE : J'ai 24 ans (et pas toutes mes dents malheureusement), même si j'aimerais parfois être plus jeune. *^*  COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM ? Je ne me souviens plus exactement... Je cherchais activement un forum de fantasy sur lequel je pourrais incarner ce type de personnage religieux et j'imagine que j'ai du cliquer quelque part sur un top-site ou dans l'annonce d'un forum de référencement pour tomber ici. VOTRE DISPONIBILITÉ : Actuellement je serais présente de manière quotidienne et régulière. DES REMARQUES, DES IMPRESSIONS : Le tout en minuscules me perturbe drôlement. CRÉDITS : SweetGumiho (c'est moi  :3:). MOT DE LA FIN : Cookie ?