Hiver 661
Entremêlement de neiges et de vents glacials, mieux valait éviter de pointer son nez à l’extérieur et camper devant un bon feu. Mais il y avait bien quelques exceptions, certains obligés d’affronter le climat polaire de cet hiver pour travailler, pour rapporter ripailles afin de nourrir son foyer. Tel était le cas de Cirth qui au battant de la porte, affrontait d’un regard résigné, la tempête hivernale qui se jouait devant ses mirettes.
« Couvre-toi plus, Cirth ! » murmura la sylphide qui vint s’accrocher à ses épaules, déposant un baiser à la naissance de sa nuque.
« Tu vas attraper la mort et tu ne pourras point rencontrer notre pupille. » ajouta-t-elle, poussant la porte du pied en tirant son époux en arrière. Les calots fatigués du mâle rencontrèrent ceux de sa bien-aimée et il étira un sourire sur ses lippes sèches.
« Tu as raison… » Mieux ne valait pas contrarier une épousée en dentelle, il caressa d’une main l’excroissance de son ventre avec tendresse. Un tendre baiser sur son front et il partit ajouter une couche supplémentaire pour affronter le temps. Nível profita de l’absence de son époux pour mettre de l’ordre dans la masure bordant une rivière, près d’une forêt épaisse et touffue. Elle sentait proche, l’arrivée du nourrisson et souhaitait lui offrir un gîte des plus honorables. Certes, l’enfant n’y verrait pas grand-chose, mais les principes d’une femme enceinte étaient peu compréhensibles et il fallait les laisser faire telles qu’elles le souhaitaient au risque de recevoir une marmite sur le crâne. Un simple phonème rauque combla la bâtisse au moment du départ de Cirth, puis le silence s’installa. La matinée se passa, contrariant l’épousée de quelques douleurs abdominales, sans plus. Contemplant la neige tombée par la fenêtre, Nível songeait déjà à l’avenir de son enfant. Ils espéraient secrètement un garçon, mais les dieux savaient qu’une fille aurait été aimée tout autant. Alors qu’elle portait sa tasse fumante à ses lèvres, une vive douleur lui fit lâcher l’objet qui se fracassa dans un bruit sourd sur le sol. Plaçant ses mains sur son ventre dur comme le roc, elle inspira longuement puis souffla par saccade pour apaiser ses maux lancinants. Une autre douleur subvint, même rituel et cela se prolongea sur plusieurs heures à tel point que la donzelle termina dans sa couche, pleurant à chaudes larmes la souffrance dont elle était victime. Et Cirth qui ne rentrerait pas avant la nuit, Nível priait les Dieux qui lui accordent encore quelques heures avant de mettre au monde l’enfant, car seule elle ne pourrait s’en sortir. Comment pourrait-elle l’accueillir, occupée à se lamenter sur sa douleur ? Peut-être était-ce sa prière implorante ? Ses cris de douleurs résonnant dans la demeure ou simplement l’intelligence d’un voisin qui vint jusqu’à la porte, frappant quatre coups brutaux. Lorsqu’il tendit l’oreille, les plaintes lui parvinrent et il pénétra dans la demeure sans attendre l’autorisation. Guidé par les gémissements, il retrouva l’épousée entortillée dans les draps, le visage cramoisi et le ventre tendu. Il s’approcha tout de go, posant une main fraîche sur le front brûlant de Nível :
« Calme-toi… shhhhh… Là, voilà… » Il retira son veston qui lança prestement, soulevant les jupons de la sylphide. Il n’était pas l’heure d’avoir pudeur et respect pour son intimité. Elle semblait sur le point de mettre au monde son enfant et sans guide, elle risquait de le perdre et de mourir. Alors, le voisin prit les choses en mains.
« Tu es sur le point de mettre au monde ton enfant, Nível. Je vais t’aider, d’accord ? » Les prunelles azurites de l’épousée rencontrèrent celles du voisin, hochant vigoureusement de la tête. Elle n’était pas en état de refuser quoi que ce soit et encore moins une main tendue pour apaiser ses douleurs. Le voisin, qui s’appelait Argyl, glissa deux oreillers sous le dos de la jeune femme afin de la redresser légèrement. Il remonta ses manches, glissant la robe jusqu’au ventre de la donzelle. Il plia ses jambes, prenant ses mains pour qu’elle se tienne les genoux :
« À la prochaine douleur, pousse autant que tu le pourras, d’accord ? » Il avait l’air serein, à l'aise, mais il tremblait intérieurement. Ses connaissances en matière de naissance étaient minimes, mais il plongeait au plus profond de ses souvenirs ; lorsque sa jeune sœur naquit, il avait secondé son père.
« Allez pousse… » l’encouragea-t-il à diverses reprises, mirant l’épicentre de la donzelle pour attendre la sortie du nourrisson. Lorsque le haut du crâne fit son apparition, il lui annonça et cela renforça ses ambitions. Elle poussa, tant et si bien que la tête fut enfin là.
« Attends ! » Il leva une main, avant de les glisser pour faire passer les épaules et elle recommença sur quelques minutes. Il accueillit la petite chose dans ses mains, étirant un large sourire. Nível était sur le dos, au bout de ses forces et pourtant, elle puisait encore sur les nerfs pour avoir son enfant tout contre elle.
« Alors ? » Argyl fit les seuls soins dont il avait connaissance et déposa la merveille tout contre sa poitrine.
« C’est une fille Nível… » Aussitôt qu’elle fut contre elle, la sylphide oublia tout autour d’elle. Elle ne sentit même pas Argyl terminer sa besogne entre ses cuisses, ni même lui nettoyer et encore moins déposer un drap sur le corps de son enfant. Elle se contentait de mirer son visage, ses paupières fermées et ce petit bout de nez qui pointait. Lorsqu’il lui proposa de la nettoyer, elle sentit son cœur se fissurer d’une telle séparation, mais sa fille lui revint bien vite, le visage propre et l’odeur des fleurs accompagnant son étreinte. Ses lèvres se déposèrent sur son front tandis qu’elle levait une main vers Argyl, toujours présent.
« Merci, mon ami. » Sa voix s’érailla et l’émotion gravita jusqu’à ses yeux où elle déversa quelques larmes. Cirth, gelé jusqu’aux orteils, rentra enfin dans sa demeure et chercha du regard son épouse. Il secoua son manteau, recueil de myriades de flocons qui s’y étaient logé le temps du voyage. Argyl lui fit un geste et c’est le cœur battant qu’il pénétra dans la chambre conjugale, trouvant femme et enfant sur le lit.
« C’est une fille Cirth… Nous avons eu une fille. » Les prunelles azur du père brillèrent, tandis qu’il faisait grincer le lit en rejoignant son épouse afin de rencontrer sa chair. Aussitôt qu’il l’eut dans ses bras, il murmura près du front de son enfant.
« Envers et contre tout, je te protègerais... Anàríel. » Il n’eut pas besoin de l’accord maternel pour nommer sa fille, il savait que ce prénom contenterait sa femme. Car il était celui de sa mère, trépassée lorsqu’il n’était qu’un nourrisson et ils en avaient déjà parlé.
Printemps 668
Ne puisse-t-il y avoir plus grandes beautés que la voûte céleste, scintillante d’une myriade d’astres luisants à des kilomètres de là ? Anàríel ne pouvait se lasser de pareille merveille qu’elle contemplait dès que l’occasion se présentait. Elle aimait voir le ciel s’étendre tout autour d’elle, l’emportant ainsi dans les chimères de son esprit rêveur. Chaque nuit, il n’était pas rare que Cirth retrouve son enfant à la fenêtre ou à l’extérieur, lorsque le temps était suffisamment clément pour le permettre. Un attrait qu’il avait bien du mal à comprendre, lui qui n’était que dans une réalité bien sinistre. Mais les enfants, souvent bercé par l’insouciance avait une vision bien différente. Ce soir-là n’échappa aux autres du printemps doucereux qui se mettait en place. Anàríel était allongée sur une peau à même l’herbe, juste devant la masure et mirait les étoiles brillé avec intensité. Le ciel n’était qu’un voile sombre sans nuages, dorlotant la jeune fille dans ses songes mirifiques. Elle s’imaginait au cœur d’une bataille, brandir une épée et apporter la victoire. Elle rêvait d’un voyage long et périlleux, auquel elle sortirait indemne et victorieuse d’une si belle expérience. Elle voyait un homme, une maison et des enfants qui gambadaient tout autour, portant tous sa chevelure claire. La jeune Anà était une rêveuse hors pair, se perdant parfois entre illusion et réalité, mais ses parents n’avaient pas le cœur de la faire atterrir, pas encore. Elle avait encore le droit à quelques années de chaleurs avant de se rendre compte de la dure réalité. Cirth fit quelques pas à l’extérieur tout en observant sa pupille avec un sourire :
« Rentre maintenant, Anà… Il est tard, la fraîcheur commence à se lever. » La jeune blonde se redressa, ramassa la peau et rejoignit le foyer pour aller finir ses rêves dans sa couche. Sans le savoir, tout ce qu’elle imaginait et convoitait allait se briser dès le lendemain. Cirth ne partit pas au travail, car il n’avait aucune commande en cours et il préféra profiter de sa famille pour cette journée. Tandis qu’il coupait du bois, un char s’arrêta et le cochet demanda s’il pouvait offrir le couvert à son maître. D’abord surpris, Cirth de nature généreux accepta avec honneur de pouvoir nourrir un grand seigneur dans sa modeste demeure. Il en informa tout de go son épousée qui s’employa à faire son meilleur ragoût. Anàríel observa l’homme descendre, il affichait un visage froid sans aucune expression agréable ; à sa suite descendit un autre homme portant une large cicatrice sur le visage. Cela ne l’enlaidissait pas, il avait un certain charme, mais il effrayait la petite par son épaisseur et son regard sombre. Ils rentrèrent, le premier esquissant une grimace de se retrouver à tel endroit. Mais ils ne voulaient certainement pas prendre le risque de fréquenter une taverne. Alors que la petite voulut s’asseoir à table, les deux hommes la mirèrent avec méfiance, presque colère.
« Vous laissez votre épouse et votre enfant dîner avec les hommes ? » « Non... bien sûr que non… Anàríel, file t’amuser. » La petite ne comprit pas immédiatement pourquoi on lui interdisait de manger, son ventre grognait. Sa mère la laissa sortir, non sans un baiser et quelques explications. Elle ramassa un bâton pour tracer quelques dessins dans la terre, redressant son visage pour observer le cochet. Il dénouait un cordage du char, faisant glisser une malle sur le sol. La petite s’en approcha et lui demanda ce qu’il faisait. Pris par surprise, il sursauta avant de lui confier avec un sourire bienveillant :
« Je prends mon argent et je retourne auprès de ma famille. » Anàríel ne pouvait deviner que l’argent n’était pas à lui, aussi elle n’alerta pas la maison. L’homme lui demanda de faire un bruit particulier une fois qu’il aurait disparu de sa vision. Naïve et heureuse qu’on lui confie une mission, elle hocha de la tête et observa sa silhouette s’éloigner. Lorsqu’il fut hors de portée, elle fit quelques bruits de langues et de gorgées ; provoquant ainsi le départ des chevaux et du char qui s’éloigna. Les deux hommes, son père et sa mère sortirent de la maison. Ils tentèrent de rattraper les animaux, mais ils partaient à toute enjambée, pensant que quelqu’un leur dictait la route. Le seigneur se retourna vers la petite, saisissant ses épaules pour la secouer avec brutalité :
« Qu’as-tu fait petite sotte ! » « Mais je- » « SILENCE ! » Cirth et Nível s’approchèrent de leur enfant pour l’avoir contre eux, sachant fort bien qu’ils allaient devoir payer pour la bêtise de la petite.
« J’ai perdu mes malles, mon transport et une partie de mon or. Je suppose que vous n’avez rien qui égalera ma perte… » Il se retourna vers les parents, mirant avec colère les responsables d’une déroute dont il se serait bien passé. Ses yeux tombèrent sur la petite, qui tortillait ses mains et n’osait affronter le regard de quiconque.
« Elle ! » « Elle ? » « Votre fille, en échange d’une vie épargnée pour votre épouse et vous-même ! Pour une bâtisse que je ne brulerais pas… Et sa survie ! » pensa-t-il bon d’ajouter.
« Jamais ! » clama l’épouse en collant sa fille tout contre elle.
« Alors, vous mourrez tous ! » Le seigneur s’en retourna près de son fils et Cirth affronta le regard de son épouse.
« Elle vivra… loin, mais elle vivre Nível. » Déjà son cœur se déchirait alors que l’époux murmurait sa réponse.
« Fort bon choix ! Kaläan, prends la petite ! » « Attendez… » Mais déjà le grand garçon arrachait Anà des bras de sa mère, entraînant ses sanglots et le cri déchirant d’une mère.
« Peut-être qu’un jour, sa dette sera payée et qu’elle reviendra. En attendant, le seul contact auquel vous aurez droit sera par les lettres ! » Et ils s’en allèrent, laissant derrière eux Cirth et Nível au bord du gouffre. Anà pleurait ses parents, ne quittant pas leur silhouette du regard jusqu’à ce qu’ils disparaissent.
Hiver 675
Les jours devinrent années pour Anàríel, passant du statut d’enfant paysanne à esclave d’un Seigneur Calormène. Elle déplorait sa nouvelle vie, effectuant quelques tâches ingrates lorsqu’elle se rebellait, accédant à une toilette riche lorsqu’elle était sage. Du confort d’Anà dépendant de son caractère et comme la donzelle ne se laissait pas toujours faire, il y avait des hauts et des bas. Le seul qu’elle ne détestait pas effrontément, c’était le fils du Seigneur, Kaläan. Certes, il était bien souvent agaçant voir insupportable lorsqu’il vantait ses mérites pour séduire les dames et s’octroyer quelques instants de délice. Puis il avait été un peu rustre avec Anà lorsqu’elle était petite, n’étant qu’un obstacle entre ses pattes, mais il avait su apaiser le cœur éploré de la petite les premières nuits, soulager ses blessures et combler le vide affectif à sa manière. Sans étreinte, sans mot tendre, mais par un regard expressif dont elle aimait parfois se plonger. Elle lui avait déjà rapporté la véritable aventure du jour où il l’avait ramené, mais même lui, n’avait pas voulu la croire. Ils prétendaient tous qu’elle inventait cette histoire pour que sa liberté soit plus proche, mais que surtout, ils se sentent responsables d’une injustice. Et le cochet, personne ne voulait s’inquiéter de sa disparition. Comme elle détestait cette demeure, cette vie cloîtrée à obéir. Fort heureusement, le maître n’avait jamais eu de traitement spécial pour la jeune Anà, car elle avait entendu par un autre esclave, beaucoup plus vieux qu’elle ; avant une jeune fille avait été tout comme elle, sauf que le maître avait décidé d’en faire également son amante. Tant et si bien, qu’elle porta son bâtard et mourût en le mettant au monde. Anàríel n’osa jamais demander si ce fameux bâtard, c’était Kaläan ou un autre ; car elle aurait certainement reçu une punition sévère pour insulte envers ses maitres. Ce jour-là, ils recevaient dans l’immense salle et Anàríel avait passé l’après-midi de la veille à faire briller tous les objets de la pièce, à frapper les rideaux et lustrer tous les meubles. Tandis qu’elle donnait un coup de main en cuisine, imaginant déjà quoi faire de ces prochains instants de tranquillité lorsque le maître pénétra furibond dans la pièce, posant ses mirettes sur la jeune blonde :
« Toi, tu serviras alors monte enfiler la toilette sur ta couche ! » Et il referma sans attendre de réponse. Anà poussa un cri de rage, jurant entre ses dents avant de monter pour se vêtir comme il le souhaitait. Ô elle aurait pu désobéir et prendre la fuite, prétendre qu’elle avait droit à son moment rien qu’à elle ; mais les stigmates de son dos étaient encore bien trop douloureux pour qu’elle ne les échauffe à nouveau. Ses prunelles lapis-lazuli aux pépites d’or contemplèrent la robe un instant, au moins elle était belle ; puis elle descendit aussitôt habillée dans la salle. Plusieurs hommes étaient déjà présents, se bâfrant auprès du buffet. Elle soupira, passant par la cuisine pour récupérer les plats prêts afin d’aller les installer. Elle se glissa un chemin entre les silhouettes géantes et épaisses, posant le plat. Elle se retourna, croisant les yeux de Kaläan qui l’observa de bas en haut avec un sourire qu’elle ne lui connaissait pas.
« Mais, tu es une femme à présent… » commença-t-il en prenant sa main. Parce qu’avant, elle ne ressemblait pas à une fille ? Ses sourcils se froncèrent et elle donna un coup pour qu’il la lâche.
« J’ignorais qu’en une nuit, j’avais quitté une adolescence masculine pour devenir une dame ! » Elle détourna, s’éloignant pour continuer les allers et venues, souvent regardés, car s’il y avait bien une chose que la jeune Anàríel ignorait, c’était bien la beauté qu’elle possédait. Zylïan s’approcha d’elle, contemplant la donzelle avec un regard bien différent :
« Finalement, tu vas peut-être servir à quelque chose, Anàríel… » Si elle voulut savoir ce qu’il avait en tête, elle ne put avoir l’occasion de le demander qu’il s’éloigna à nouveau pour rejoindre ses convives. Il lui fit un geste de loin, signifiant qu’elle pouvait s’en retourner. Elle retira le jupon en guise de tablier pour sortir de la salle, bien vite rattrapée à l’extérieur par Kaläan. Il attrapa à nouveau sa main, la portant contre son poitrail.
« Accepte de m’accorder quelques instants dans ma chambre Anà… » Le voilà qui séduisait la jeune pucelle comme toutes les autres. Mais voilà, la jeune fille possédait une fierté et peut-être un orgueil qui n’avait pas sa place chez une esclave.
« Jamais ! » Elle retira sa main, le poussant et prit la tangente pour s’éloigner le plus possible de ce regard troublant, mais décevant.
An 679
Quatre ans se sont écoulés, depuis que le maître et son fils ont remarqué que la petite fille n’en est plus une. Kaläan a bien tenté, à diverses reprises, de conquérir la jeune demoiselle, mais Anà a résisté, refusé chacune de ses demandes, présents. Elle n’est pas un cœur à dompter si aisément, sans compter qu’il fait partie de la famille qui a brisé ses rêves et espoirs, elle ne tient pas à appartenir au fils d’un monstre. Celui-ci par ailleurs, est venu l’année suivante dire à la jeune demoiselle ce qu’il avait en tête le soir des festivités. En effet, cette beauté dont on lui a vanté les mérites par ses amis ne peut être qu’une bénédiction de Tash. Grâce à ça, il pourra peut-être vendre l’enfant à prix fort, afin d’agrandir ses richesses ou alors, se faire passer pour le père de la donzelle et la donner en épousailles à un Seigneur plus riche, voir même un prince. D’esclave, elle passait à un objet pour enrichir son maître. Encore une vague de dégoût qui se profilait dans son être pour ce maître répugnant. Jamais, ô grand jamais, elle ne se laisserait faire. Elle ne comptait pas devenir épousée après des années d’esclavages. Non, il lui avait promis un jour sa liberté, certes grisé par l’alcool, mais il lui avait promis et la jeune Anà se rattachait uniquement à ça. Elle se doutait que la vieillesse trahirait son corps quand enfin, elle pourra retourner à Narnia. Mais, elle serait libre et peu importe le temps, ça n’a aucun prix. Plus les jours avançaient et plus la sylphide perdait en joie, en espoir. Pire encore, elle pouvait tomber sur un promis violent, qui lui demanderait de remplir son devoir conjugal en lui offrant des héritiers, rien de plus. Non, l’esclave ne se laisserait jamais apprivoiser de la sorte. Plutôt mourir et sur sa vie, elle en faisait le serment.