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 It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban

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Artaban Braneraan

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Artaban Braneraan
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MessageSujet: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptyVen 1 Aoû - 18:16




It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves.
Rowena & Artaban

Les forêts étaient tellement vertes. Un vert revigorant, vivifiant, presque surnaturel. Du moins, tel était le point de vue du prince de Calormen. Dans son royaume, tout était fait d’or et de couleurs chaudes ; même les forêts du sud, pourtant loin de la chaleur du désert, avaient des nuances orangées, et les feuilles devenaient aussi rouges que le sang en automne. Ici, tout était aussi vert que les émeraudes qui ornaient les bijoux de la première épouse du Tisroc. C’était beau, se disait Artaban, c’était différent. Il se promenait dans la forêt archenlandaise depuis plusieurs minutes, à cheval, empruntant la route royale qui menait aux principales villes du royaume. Il avait réussi à échapper aux gardes du château royal et à négocier une balade seul. Comme à chaque fois. La première fois qu’il était venu en Archenland et avait voulu quitter le château seul, les gardes en avaient informé le conseiller du roi qui n’avait cessé de le prier de partir en sécurité. Vous comprenez, disait-il, s’il vous arrive le moindre malheur – bien que nous ne le souhaitions pas bien sûr ! -, cela pourrait être une cause de guerre entre nos deux royaumes. Le tout dit avec une grande politesse mais avec un ton glacial qui témoignait du peu d’humour et de légèreté qu’il pouvait faire passer à ce moment-là. Ce jour-là, Artaban avait accepté et s’était plié aux conditions des Archenlandais, car il devait aller dans une grande ville située à plusieurs heures de la capitale. Aujourd’hui, il ne faisait qu’une rapide promenade autour du château, aux abords de la forêt.

Libéré de toute la pression qu’on exerçait sur lui au château – courbettes, regards indiscrets, murmures après son passage, admiration, il voyait de tout – il pouvait enfin faire ce que bon lui semblait. Sur la route, il ne croisa que quelques paysans et quelques marchands qui le jugèrent brièvement mais qui, au final, se moquait bien qu’un de ces barbares du sud soit sur leurs terres. Artaban, lui, n’en avait que faire de ces hommes, et passa son chemin sans le moindre regard. Mangeant quelques grains de raisins de Calormen, il laissa la jument de couleur baie suivre son propre chemin ; elle bifurqua sur un embranchement de la route qui menait vers la forêt du sud du royaume, où l’on trouvait surtout des petits villages d’après ce que le jeune homme savait. Sa tenue, de couleur marron, verte et noire, assez sobre comparée aux couleurs de ses tenues habituelles, était adaptée à une sortie à cheval et s’accordait de plus au paysage qui l’entourait. De tels habits, sombres, pauvres ; aucun bijou ; il passait difficilement pour un prince, et on l’aurait probablement pris pour l’esclave d’un riche noble, à Tashbaan. Sa fierté, bien sûr, l’empêchait de mal se vêtir dans les murs du palais et sur les terres de sa naissance ; il était prince de Calormen et devait représenter sa maison avec honneur, fierté et sérieux. Ici, peu importe. Et dans cette forêt, encore moins. Il continua de piquer quelques fruits frais dans la sacoche accrochée à sa selle et but une longue gorgée d’un vin particulièrement exquis qui venait de Tehishbaan.

C’était parfait. Il songea brièvement à sa femme, native d’Archenland, qu’il aurait bien emmené avec lui si elle ne s’était pas trouvée à l’autre bout de l’empire depuis plusieurs semaines. Leur fils était également avec elle ; elle lui avait donné bien des raisons, mais Artaban savait que la jeune femme ne saurait se séparer de son enfant. Aussi se retrouvait-il seul pour le moment. Mais il se promit d’emmener le reste de sa famille lors de son prochain séjour dans les terres montagneuses d’Archenland. Sans doute irait-il ici à nouveau pour remplir son rôle d’ambassadeur et arranger un quelconque traité avec le roi. Ou du moins le lui transmettre. En dehors du grand vizir, personne ne pouvait faire des décisions à la place du Tisroc, pas même son propre fils. Un instant, il repensa à sa petite sœur, Alanna. Celle-ci aurait tellement pu être la digne héritière de notre père, si elle n’avait pas été une femme. Elle ne manquait pas de sagesse et réflexion, et possédait un réel intérêt pour la politique du royaume, si bien qu’elle savait quoi faire dans n’importe quelle situation. Même Artaban, plus âgé qu’elle, et surtout un homme, l’admirait et devait être celui qui freinait ses envies de pouvoir ou de vengeance. Contrairement à beaucoup dans la famille royale, le jeune prince ne rêvait pas de pouvoir et de contrôle. Il n’était pas l’héritier, et c’était pour cette raison qu’il se retrouvait aujourd’hui seul dans une forêt archenlandaise, libre comme l’air. Libre…ou pas. Il avait beau avoir croisé quelques personnes, il se sentait à ce moment précis seul et entouré. Seul et surveillé. Artaban arrêta sa jument, l’œil méfiant, tiré de ses pensées, et scruta les environs. Il s’assura d’un discret mouvement de jambe de bien sentir sa dague à son côté.

Après quelques secondes, un bruit de buisson attira son attention sur la droite – un simple écureuil. Il en vint finalement à se dire qu’il avait simplement rêvé, et se détendit en faisant avancer à nouveau sa monture. Peu après, il lui sembla apercevoir une silhouette féminine au détour d’un virage. Une silhouette qui, vu de plus près, lui rappelait quelque chose – ou plutôt quelqu’un. Il s’agissait d’une jeune femme à l’apparence sombre, depuis ses cheveux jusqu’à ses vêtements, en passant par ses yeux qui jetaient autour d’elle un regard froid et distant. Sombre, mais plutôt belle, se dit Artaban. Elle semblait si étrange dans ce décor clair et vivant, sans doute ne venait-elle pas d’ici. L’inconnue parut enfin s’apercevoir de la présence du prince en face d’elle. Elle leva ses yeux, plus clairs que le ciel et la mer ; il ne s’attendit certainement pas à la réaction qu’elle eut en remarquant sûrement qu’elle faisait affaire à un Calormène, peut-être l’était-elle elle-même. Ce fut ensuite à Artaban de réagir étrangement. Ces yeux, ces cheveux, cette expression, ce regard… Il arrêta brusquement sa jument. « Rowena ? »


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Rowena E. Z. Merrin

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Rowena E. Z. Merrin
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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptySam 2 Aoû - 14:08


Artaban ▽ Rowena


Pour changer, j'ai dû détruire ce que j'ai été.
Il flottait dans l'air des odeurs de pain chaud tout juste sorti du feu. Celle des poissons des pêcheurs de la côte. La puanteur des déjections laissées par les chevaux au beau milieu de la place. Le doux parfum des fleurs vendues par la fille Malone près du stand de peaux de bêtes. On pouvait sentir la laine du mouton qui se rendait avec ses compagnons à l'abattoir, guidé par son berger et les aboiements du chien. L'odeur de la transpiration du boucher et de sa viande. On entendait des murmures parmi les vieilles dames, des rumeurs s'élevant des rues latérales, ou encore le pas des soldats qui vagabondaient à la recherche de criminels. L'on voyait une multitude de couleurs, des habitants assis sur des bancs ou des promeneurs marchant bras sous bras, main dans la main, côte à côte. Anvard respirait la vie à des kilomètres. Rowena y avait installé son étal pour la journée. Mais peut-être partirait-elle avant. Elle y vendait ses remèdes. Des baumes et des soins reconnus par les grands médecins. Après tout, autant rester des les clous les jours de grand marché. Elle navait pas envie de finir brûlée pour vouloir, ou avoir voulu, aider les autres. La guérisseuse se souvenait encore et toujours du regard chargé de mépris de son père lorsqu'il l'avait surprise à concocter une potion pour guérir une maladie. Il avait hurlé, hurlé encore et encore. Puis elle avait pris un bagage et était partie. Si seulement il n'y avait eu que ça. Depuis ses dix ans elle supportait l'humeur de son géniteur qui la traitait alors plus comme une esclave que comme sa fille. Mais comment lui en porter rigueur ? Elle était un fardeau pour lui, née d'une prostituée qui avait abandonné son enfant. Un enfant bâtard, c'est de ça qu'il avait hérité.
Alors, l'entendre crier, ça ne l'aurait pas dérangé plus que ça. Cependant, si sa passion nouvelle pour les plantes médicinales avait été découverte on l'aurait tuée. On les aurait tués.

Rowena revint à la réalité, prenant un malin plaisir à arnaquer le vieillard qui demandait un baume pour ses tremblements et ne comprenait que très mal le prix. Il la paya le double de ce qu'elle avait demandé, qui était déjà plus cher que ce qu'elle aurait pu noter. Et puis elle attendit encore un peu, négociant avec ce jeune soldat qui tentait en vain de lui plaire. Il n'était pas méchant, mais qu'aurait-il fait d'une solitaire comme elle ? Au moins rendait-il sa journée un peu plus joyeuse, avec son sourire timide. Puis elle leva la tête vers le ciel et rangea tout, jetant des regards noirs à quiconque osait lui demander un service. Dès lors qu'elle nettoyait, personne, strictement personne, ne devait la déranger. Elle n'avait pas envie de s'éterniser à la nuit tombée, ou lorsque le ciel devenait menaçant. Elle avait une petite marche jusqu'à sa grotte. D'abord les sentiers normaux, puis la forêt, la vraie. Sans chemin tracé, avec juste la mémoire et les sens pour se guider.
Depuis quatorze ans, elle avait eu le temps de comprendre son environnement. Le ciel ne la trompait jamais, et là, il fallait qu'elle rentre chez elle au plus vite si elle ne voulait pas finir trempée jusqu'aux os. Elle avait amassé une coquette somme, assez pour économiser tout en s'achetant de la nourriture. Elle pouvait bien sûr cueillir les champignons, mais la viande était tout aussi bonne chez le marchand de la ville. Rowena fonctionnait ainsi désormais. Vendant, puis achetant. Elle avait assez pour se permettre des petites folies, comme ses belles robes dignes des nobles. Mais elle passait pour la pire des sorcières avec. Belle, mais sombre.

La jeune femme quittait la ville, avançant tranquillement mais d'un pas rapide. Personne ne la suivait, mais le temps lui était compté. Elle en avait trop perdu avec le marchand de légumes. Si seulement il ne prenait pas toujours le temps de bavarder avec les clients.
Les paysans rentraient avec leurs collis, certains, plus aisés, semblaient revenir d'un déjeuner en famille. Elle les évitait tous soigneusement, baissant la tête pour qu'aucun ne croise son regard. Et elle marcha, inlassablement, s'enfonçant toujours plus dans les bois, suivant encore un sentier avant de devoir le quitter.
Rowena se stoppa net en entendant un bruit venant de sa gauche. Ne voyant rien, elle continua sa route, pressée d'arriver à bon port avant l'averse. Pourtant elle s'arrêta un peu plus loin, après un virage. Elle aurait dû sortir de la route définie, mais quelque chose la retint. Elle se sentait observée et cette impression la dérangeait fortement. Alors elle leva son regard de glace vers cet inconnu. En une seconde elle put deviner qu'il était Calormène, vu sa peau. En plusieurs secondes, elle se fit la remarque qu'il lui disait quelque chose.

Elle parvint à peine à contrôler sa réaction en comprenant. En entendant le son de sa voix, elle se souvint subitement de ce qu'elle avait cherché à enfouir. Ses yeux s'écarquillèrent légèrement et elle déglutit difficilement. Il l'avait reconnue, mais semblait émettre un léger doute. Elle en revanche était sûre qu'il s'agissait bien de lui. Après quatorze ans il n'avait presque pas changé. Il avait vieilli, indéniablement, mais il gardait les mêmes traits qu'à l'époque. Lui qu'elle avait aimé, lui qu'elle avait appris à connaître, qu'elle avait fui aussi. Lui qu'elle n'avait jamais pu vraiment oublié. Elle avait gardé un souvenir cuisant de ce prince. Sans doute parce qu'elle avait énormément souffert.
Mais il n'aurait pas dû la revoir. Elle aurait dû rester un souvenir pour lui. Il devait penser qu'elle était morte, et ce jusqu'à sa propore fin. C'est en partie pour ça qu'elle avait cherché à s'éloigner du royaume de Calormen et qu'elle s'était isolée ainsi. Pour que personne ne la retrouve. Aussi la panique laissa place à une colère injustifiée.

- Qu'est-ce que tu fais ici ! Va-t'en !

Elle criait presque tandis que son regard s'était fait plus dur. Il ne pouvait pas rester. S'il lui parlait, il chercherait sûrement à comprendre pourquoi elle était partie sans un mot ou une explication. Et il ne devait pas savoir. Jamais. Rowena avait tout fait pour garder sa vie d'avant secrète. Avant son arrivée à Archenland, c'était un passé dont elle avait refusé de parler. A une exception près avec cette fille qui portait l'autre nom de l'aube.
Malheureusement, le destin - ou le hasard - en fit autrement. La pluie tomba d'un coup. Pour y avoir fait face au départ, elle imaginait très bien l'état d'esprit d'Artaban sous ce déluge. Elle ne voulait pas lui proposer, mais elle n'allait tout de même pas fuir. Simple question de fierté.
Jetant des coups d'oeil à droite et à gauche, elle soupira.

- Viens. J'habite pas loin.

Néanmoins, en arrivant, ils étaient trempés. Le cheval du prince dû rester dehors. Rowena se changea en toute hâte, enfilant une robe noire qui descendait jusqu'en-dessous du genou. Elle avait donné à son hôte une serviette et commençait à allumer un feu, se demandant encore pourquoi elle l'avait fait venir. Il aurait pu retourner à Anvard et les domestiques l'auraient pris en charge.
Puis elle s'assir en face de lui, levant de temps à autre les yeux vers lui, n'osant pas commencer la conversation, ou ne sachant pas quoi dire. Leur relation avait été si spéciale que des années plus tard, les retrouvailles l'étaient plus encore.
Il avait été son premier amour, même s'il était bien au-dessus de sa condition. Un prince, avec la fille bâtarde d'un tavernier... L'avait-il seulement aimée lui ? Avait-il éprouvé quelque chose pour cette jeune fille de dix-sept ans qui aujourd'hui - bien qu'elle tente de se convaincre du contraire - l'aimait, en son for intérieur, encore et toujours ?
(c) AMIANTE

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Artaban Braneraan

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Artaban Braneraan
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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptyMer 6 Aoû - 23:00




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Rowena & Artaban

Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre qu'il avait vu juste. Il aurait tellement préféré voir l'expression confuse de la jeune femme, et s'excuser pour son erreur, avant de repartir sereinement sur le sentier. Au lieu de cela, il la fixa, d'abord confus, puis énervé. Il ne répondit rien à son attaque, il n'allait certainement pas fuir. Il savait qu'il valait mieux pour lui et pour elle qu'il se taise et reste calme. Il descendit de sa jument, caressant doucement son encolure comme si c'était elle qui était énervée. C'est à ce moment-là que le soleil, dont peu de rayons arrivaient à passer à travers l'épaisse forêt, fut entièrement caché par un immense nuage aussi noir que les cheveux de Rowena. Et quelques instants plus tard, un véritable déluge commença à s'abattre sur eux, les laissant trempés en moins de quelques secondes. Ce soudain changement de temps laissa le jeune prince perplexe, peu habitué à cela en cette saison, et lui fit presque oublier la situation dans laquelle il se trouvait. La jeune femme finit par lui dire de la suivre, lui indiquant qu'elle ne vivait pas loin. Surpris, il leva un sourcil mais marcha derrière elle tout en tenant les rênes de sa jument.

Il ne fit même pas attention au chemin qu'ils prenaient. Il sentit des feuilles passer sur ses vêtements et son visage, de la terre devenir de la boue et salir ses bottes, tandis que la pluie ruisselait sur ses joues. En réalité, Artaban était bien loin de tout ça ; ses pensées étaient tournées par la rencontre qu'il venait de faire, ou plutôt les retrouvailles plutôt inattendues. Ce n'était même pas des retrouvailles. Le jeune homme n'avait pas revu Rowena depuis bien des années, quatorze environ ; il l'avait cherché, avait pensé qu'elle avait fui ou avait été capturée. Finalement, il avait du se rendre à l'évidence qu'elle devait probablement être morte. Il semblait donc qu'il ne s'agisse pas du cas. Il n'avait pas pensé à elle depuis bien longtemps, et l'époque où ils se connaissaient paraissait bien lointaine à ses yeux. Et s'il avait eu la moindre idée qu'elle était encore en vie, Artaban n'aurait pas imaginé que la jeune femme devienne ainsi. Sombre, glaciale. Lorsqu'ils s'étaient connus, il la savait malheureuse et discrète, mais elle restait plus joyeuse et amicale. Que lui était-il donc arrivé ?

Ils finirent par arriver dans une sorte de grotte qui tira une légère grimace au prince - grimace que Rowena ne vit heureusement pas - mais fut légèrement rassuré en voyant qu'elle était aménagé pour bien y vivre. Le Calormène avait beau vouloir explorer le monde et le moindre recoin inconnu, il n'était guère habitué à s'enfoncer au milieu de la forêt, sous la pluie, et à vivre dans de telles conditions. Malgré tout, il se força à rester silencieux et attacha sa monture à un arbre, à l'abri de la pluie. Il suivit ensuite Rowena et s'assit là où elle lui indiquait, prenant au passage la serviette qu'elle lui jeta. Elle partit quelques instants, pendant qu'il se séchait les cheveux comme il pouvait, les laissant ébouriffés, et revint habillée d'une longue robe noire qui rappelait le style calormène - et les robes qu'elle portait déjà à l'époque. Elle était belle, se dit-il, belle et terrifiante. Ses yeux clairs, entourés de noir, le fixaient de temps à autre. Artaban, lui, ne cessait de la fixer d'un regard sombre. Gênant peut-être, mais il s'en moquait bien. Il laissa le silence perdurer quelques minutes de plus, l'air de plus en plus énervé. Finalement, il prit son visage entre ses mains en soupirant bruyamment. Chose qui attira l'attention de Rowena et qui l'empêcha de baisser les yeux ou de regarder autre part à nouveau. A nouveau, leurs regards se croisèrent et ne se quittèrent plus.

« J'ai beau devoir te remercier de ne pas m'avoir laissé dehors sous ce déluge, je pense avoir droit à des explications. » Silence. Encore et toujours. Oh, il comprenait, au fond, ce silence. Il sentait la tension entre eux deux. Mais il n'avait aucune intention d'être gentil et compatissant, quelle que soit la raison pour laquelle elle avait abandonné son ancienne vie, pour laquelle elle l'avait abandonné. « C'était facile de fuir, n'est-ce pas ? » Il s'agissait, après tout, de la seule explication raisonnable qu'il restait à présent. Elle n'était pas morte et ne semblait évidemment pas avoir été capturée ou emmenée de force. Elle ne serait pas partie de son royaume natal sans l'en avertir et sans avoir préparé son "voyage" à l'avance. Alors elle avait du fuir. Fuir quoi ? Son père ? Artaban connaissait la réputation du Merrin et Rowena lui avait raconté comment son paternel la traitait alors qu'elle n'était qu'une adolescente. Il ne pouvait s'agir que de cette raison-là. Il ne connaissait pas entièrement la jeune femme, mais était persuadé qu'il ne pouvait y avoir autre chose.

Il finit par se lever et enleva sa tunique trempée qu'il posa où il put sans même demander. Passant une main dans ses cheveux aussi noirs que les couleurs de Calormen, il fit les cents pas dans la grotte, poussant certains objets posés au sol sans y faire attention, énervé. Agacé par le bruit de verre brisé qui ne cessait de retentir tous les mètres, il se tourna vers Rowena et lui demanda d'un ton agacé : « Qu'est-ce que c'est tout ça ?! » C'est là qu'il regarda autour de lui et vit des dizaines de fioles de toutes formes et remplies pour la plupart de liquides de toutes couleurs, les uns plus étranges que les autres. Perplexe, il ne comprit pas ce qu'il vit, mais il en eut des frissons incontrôlables. Quelque chose ici lui faisait presque peur. A nouveau, il croisa les yeux de Rowena, qui lui parurent soudain bien plus dangereux et terrifiants. Il se sentit rassuré de sentir ses armes à son côté. « Qu'est-ce que c'est ? » répéta-t-il avec une voix qui traduisait sans peine sa confusion. Qui était Rowena à présent ? Le prince ne savait pas vraiment s'il voulait connaître toute la vérité. Lui qui pensait avoir changé depuis les dernières quatorze années n'avait visiblement pas autant évolué que la jeune femme...


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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptyJeu 7 Aoû - 18:42


Artaban ▽ Rowena


Pour changer, j'ai dû détruire ce que j'ai été.
Aucun des deux ne semblait vouloir rompre le silence. Mais sans doute pas pour les mêmes raisons. Rowena s'y refusait parce qu'elle n'avait tout simplement pas envie de lui parler. Pour dire quoi ? Dès qu'elle ouvrirait la bouche elle se tairait, par peur de dire une bêtise. Elle n'avait jamais eu envie de revoir le Calormène, car elle s'imaginait parfaitement qu'il serait en colère, qu'il ne comprendrait pas. Comment le pouvait-il ? Elle ne lui avait rien dit jadis, afin de ne pas avoir à dire adieu. Elle n'aurait probablement pas réussi. Aussi était-elle partie en douce, comme une ombre dans la nuit. Et maintenant, elle devait rendre des comptes. Au fond, il avait tout à fait le droit de savoir. Mais la guérisseuse était de mauvaise foi et n'arrêtait pas de penser que non, il ne pouvait pas lui demander quoi que ce soit. Le passé, c'est le passé. Puisqu'il n'est plus, elle ne voyait pas l'intérêt de le remuer.
Alors qu'elle avançait ses mains vers les flammes pour se réchauffer, un mouvement en face d'elle attira son attention et elle croisa le regard du prince. Puisqu'il l'avait accroché, il lui était impossible de le quitter. C'aurait été une sorte de fuite. Il soupira tandis que Rowena clignait des yeux, frottant ses mains l'une contre l'autre. Sa robe ne lui tenait pas assez chaud pour l'instant et elle préférait rester en bonne santé.

Il lui adressa enfin la parole, arguant que même s'il aurait pu lui dire merci il estimait pouvoir obtenir deux trois explications. Elle soupira tout aussi fort que lui auparavant et tourna son regard vers un coin de sa grotte. Justement non. Elle n'était pas de son avis. En toute logique elle aurait pu reconnaître son tort. Mais pas là. Parce qu'elle était trop orgueilleuse peut-être. Ou bien refusait-elle de conter ce qui s'était réellement passé. En fait, c'était surtout ça. Elle avait peur au fond d'elle de tout lui avouer. Il était déjà en colère, cela risquait d'empirer les choses. La sorcière ne le connaissait pas sur le bout des doigts, mais elle craignait qu'il n'explose et se mette à hurler, ou qu'il ne devienne agressif.
Au début, elle ne souffla mot. Jusqu'à ce qu'il dise ce qu'il ne fallait pas. Facile ? Elle le fusilla du regard, prenant un air plus sombre que jamais. Comme si ça avait été simple de quitter la ville sans se faire prendre, de trouver un abri et de s'y installer. Rien n'était facile pour Rowena, et ce depuis toujours. Toute sa vie elle avait lutté pour survivre. Tout d'abord à une enfance solitaire et passée avec un peu ne montrant que très peu de tendresse à son égard. Puis comme adolescente mal dans sa peau et traitée presque comm une esclave. Et enfin en tant que femme adulte, vivant toute seule dans une grotte, vendant des remèdes et des plantes pour gagner l'argent nécessaire pour acheter de la nourriture après. Alors que lui, prince de Calormen, il avait des domestiques à ses pieds, des repas complets chaque jour, tout ce dont il avait besoin et même plus.
S'il avait été à côté d'elle, tout près, elle l'aurait certainement giflé, mais ce n'était pas le cas. Elle eut envie de le jeter dehors à coup de balais, de prendre une dague et de lui marquer la joue si possible. Elle aurait voulu lui hurler qu'il ne savait rien. Mais elle se contint et se contenta de planter ses yeux clairs dans les siens.

Ses mains quittèrent la chaleur du feu et vinrent se poser sur ses genous, tirant sa robe dans un geste de malaise. Passée la colère, elle tentait de se mettre dans sa peau à lui. Qu'avait-il ressenti en se rendant compte qu'elle n'était plus là ? Comment l'avait-il su exactement ? Qu'avait-il imaginé comme scénario ? Peut-être avait-il songé au pire. Comme elle l'avait souhaité après tout. Si seulement il n'avait pas croisé sa route, si seulement elle avait secoué la tête avant de quitter le sentier. Ca n'aurait certes pas été la bonne solution. Mais s'ils ne s'étaient pas revus, il aurait pu finir par l'oublier définitivement. Et ça aurait été mieux pour lui. Parce qu'il n'avait rien à faire avec elle.
Elle se rendit compte qu'il s'était levé quand elle remarqua qu'il posait sa tunique là où bon lui semblait. Alors elle leva la tête vers lui avant de la baisser immédiatement. D'une part car il était torse nu et que Rowena se sentit gênée - comme la jeune fille de l'époque - et d'une autre parce qu'il commençait à marcher dans la pièce. Et qu'elle n'était vraiment pas rangée... La guérisseuse regarda avec horreur des fioles se briser dans un bruit fort désagréable. Heureusement elles étaient vides et ne contenaient aucun gaz. Et le Calormène, énervé, tourna sur lui-même pour découvrir les réserves de Rowena. Encore chance que ce n'étaient là que les remèdes, les bonnes potions, reconnues des médecins. Au moins, son visage ne risquait pas de la trahir puisqu'elle ne mentirait pas.
Ils se fixèrent un instant, et elle tourna la tête très rapidement. Il reposa sa question, d'un ton toujours aussi agacé. La jeune femme entendait sans mal la voix de son père qui lui ordonnait des explications. Elle revoyait son air méprisant et sa main levée pour frapper son visage. Dire qu'elle voulait juste soigner les malades et les blessés.

Tout cela lui rappelant des souvenirs peu heureux, elle se leva d'un bond, les poings fermés et les bras tremblants.
- Arrête ! lui hurla-t-elle. Puis elle s'approcha de lui, aggripant son bras avant de tourner vers lui un regard implorant.
- Je t'en prie arrête...

Elle le fit s'asseoir et s'installa en face de lui, se montrant plus douce, autant qu'elle le pouvait. Elle l'avait lâché auparavant et alla chercher une boîte remplie d'une poudre noire. Acceptée par ce qu'elle appelait habituellement avec un grand mépris "l'Ordre".
- C'est juste des remèdes. Pour les maladies, les blessures, les piqûres. Je soigne des gens, je les aide comme je peux.
Ainsi elle lui tendit plusieurs fioles. Une sentait bon le miel, une autre dégageait un agréable parfum de fleurs. Une autre en revanche sentait affreusement mauvais. Rowena lui donna un morceau de viande séchée tandis qu'elle gignotait quelques framboises. Elle réfléchissait à ce qu'elle allait bien pouvoir dire. Elle aurait bien voulu lui jeter à la figure que tout était de sa faute, mais ça n'aurait pas servi à grand chose... Elle ne pouvait décemment pas mentir. Pas à lui.
La Calormène en exil tourna le dos au noble et croisa les bras, prenant ses coudes dans ses mains. Sa chevelure sombre tombait en cascade dans son dos et quelques gouttes en tombaient de temps à autre, dessinant un petit sillon sur sa robe. Ses yeux clairs regardaient la pluie tombant au dehors et ses épaules se soulevaient au rythme de sa respiration irrégulière. Elle trouvait ça presque comique qu'il veuille la vérité. Si elle était venue vivre au fond des bois archenlandais c'était pour une raison non ?
En parler, s'en souvenir faisait monter les larmes au bord de ses yeux. Mais jamais elles ne coulaient, car Rowena était assez forte pour se maîtriser un minimum quant à ce genre d'émotions. C'est pour cela qu'elle ne se tenait pas face à lui. Pour qu'il ne la prenne pas pour une faible. Jetant un regard par dessus son épaule, elle commmença son petit monologue.
- J'ai fui pour ma peau Artaban. Je suis sûre que mon père m'aurait tuée pour ce que j'ai fait : venir en aide au peuple. Je suis partie parce que j'avais honte, honte de mon comportement à ton égard : tu es un prince, je suis la fille d'un tavernier. Je n'en pouvais plus de mon père et de la façon dont il me traitait. Je ne t'ai rien dit parce que je ne voulais pas que tu me retiennes. J'ai fait ça pour toi aussi, parce que...
Elle fit un demi-tour, entrouvrant sa bouche sur un son quasi inaudible qui si il avait été prononcé aurait ressemblé à un "je". Mais c'était là la partie la plus dure à raconter de cette histoire. Déjà elle regrettait d'avoir commencé sa phrase. Mais elle ne dit rien de plus, le fixant de ses yeux peinés, aroborant un air mal à l'aise et triste. Elle était plus semblable à la Rowena d'il y a quatorze ans qu'à celle d'il y a quelques minutes. Elle paraissait bien plus fragile psychologiquement mais aussi physiquement, maintenant que seul son maquillage noir entourant ses yeux faisait sombre.
Elle fit deux pas dans la direction d'Artaban et s'arrêta. Par Tash, ce qu'elle avait voulu rester avec lui. Pourtant, ce n'était pas raisonnable, et elle aurait fini par être tuée ou pire. Néanmoins elle se souvenait encore de la sensation de sécurité au creu de ses bras.
Il s'agissait là d'un souvenir bien lointain.
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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptyVen 8 Aoû - 0:35




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Malgré l'humidité et la fraicheur qui régnaient dans la grotte et qui différaient bien de l'atmosphère calormène, Artaban n'avait pas froid. Il continuait de faire les cent pas, se confrontant à la fois à la pluie qui passait un peu à l'entrée et à la morsure du feu quand il s'approchait trop près. Il s'énervait de plus en plus, et même s'il réduit l'allure en découvrant peu à peu les étranges fioles, son agacement devint plus fort. Il ne s'agissait plus de la Rowena qu'il avait connu. Qu'étaient tous ces produits ? Des potions ? Des poisons ? De la sorcellerie ? Il ne pouvait réprimander la jeune femme pour un usage de poisons, lui-même en avait fait usage et sa propre femme y connaissait un certain rayon depuis les quelques années où elle résidait à Tashbaan ; mais il y avait une différence entre en utiliser ou avoir des connaissances, et les faire soi-même. Depuis quand Rowena avait-elle tourné aussi...maléfique ? Il ne la reconnaissait pas et se demandait réellement ce qu'elle avait traversé pour avoir autant changé. Elle aussi énervée, elle l'arrêta et le pria de se calmer d'une voix forte et puissante, en lui tenant le bras. Cela ne l'empêcha pas de s'énerver mais il la suivit et s'assit où elle le lui indiqua.

Elle changea soudainement de comportement, devenant plus douce, plus calme, moins...différente. Elle lui tendit diverses fioles qui n'inspiraient pas confiance à Artaban, mais qu'il prit tout de même. Il comprit le point que Rowena essayait d'établir en lui montrant des "remèdes" qui sentaient bons ou qui, au contraire, sentaient mauvais. Tout comme les poisons... Mais il choisit de faire confiance à la jeune femme. Ainsi, elle créait toutes sortes de remèdes pour le peuple. Voilà bien quelque chose dont il ne se serait jamais douté. Cela n'expliquait toujours pas pourquoi elle était aussi sombre et aussi peu chaleureuse, et pourquoi elle vivait dans un tel endroit, loin des habitations. Il ne dit rien, bien trop méfiant et surpris à la fois. Elle commençait à s'ouvrir, il le voyait bien ; il n'avait pas besoin de la forcer plus, du moins pas pour le moment. Le jeune prince prit la viande qu'elle lui tendait, la mangea - il devait avouer qu'il avait légèrement faim, il avait d'ailleurs quelques fruits ainsi que de l'eau et du vin dans un sac sur la selle de sa monture, mais préféra rester assis pour le moment. Cette fois-ci, il s'efforça de ne pas trop fixer Rowena ni ses fioles, et fixa le feu de ses yeux sombres.

Il ne leva le regard que lorsqu'elle se remit à parler d'une voix qu'il jugea faible et forcée. Elle évoqua son père - raison qu'il comprit facilement, au vu de sa propre réaction face aux remèdes. Il se demandait d'ailleurs comment Rowena avait fait pour ne pas être retrouvée par ce dernier. Comme Artaban s'y attendait, il fut également dans les raisons qui l'avait, apparemment, poussé à fuir. Combien de fois avait-il dû lui dire de ne pas avoir honte ? Quelle honte y avait-il d'ailleurs ? C'était elle qu'il avait choisi, elle et ses manières du peuple, pas une de ces tarkheenas bavardes et superficielles. Elle avait raison : il l'aurait retenu. Il aurait été capable d'être assez égoïste pour la retenir, même l'enfermer, pour la garder avec lui. Pourtant... que ce serait-il passé si elle n'était jamais partie ? Leur relation aurait-elle duré ? Il n'en savait rien et ne saurait probablement jamais. Peut-être avait-il mieux valu qu'elle fasse sa vie toute seule aussi jeune, quitte à abandonner son propre royaume et lui-même. Toutefois...une autre phrase glissa entre les lèvres de la Calormène, une phrase qu'elle ne termina pas et que le prince ne put deviner. Comment ça, pour lui ? Quelle raison pouvait-elle bien avoir le concernant ? Artaban garda son regard sur elle tandis qu'elle s'avançait vers lui doucement, l'air soudain tourmentée.

Il se leva à nouveau, tremblant par l'énervement, mais resta calme et ne bougea pas. « Parce que ? » Son ton suffisait à montrer son impatience et à ne pas lui dire qu'il méritait des explications et des précisions. Il savait que la patience n'était pas son fort, aussi essaya-t-il de rester tranquille et de la laisser parler à son rythme. Il sentait aussi qu'elle essayait de lui dire quelque chose d'important et de difficile, qui n'avait peut-être aucun rapport avec lui mais qui affectait gravement la jeune exilée. Peu à peu, sa colère laissait place à de la compassion, qui néanmoins ne diminua pas sa curiosité et sa détermination à connaître entièrement la vérité. Artaban savait bien qu'il n'était pas le centre de la vie de Rowena, qu'elle n'avait pas fui qu'à cause de lui, et qu'il ne représentait probablement plus rien aujourd'hui pour elle ; malgré tout, il se sentait quelque part responsable et voyait toujours les souvenirs de l'époque où ils étaient ensemble - si l'on peut dire ça comme ça. Il la considérait encore comme cette jeune fille de dix-sept ans intimidée par le prince qu'il était cette année-là. Et pourtant, ils étaient tellement différents de ceux qu'ils étaient alors... Une adolescente maltraitée par son père, un tavernier, timide et réservée ; un prince rêveur et parfois arrogant, ne devant en aucun cas fréquenter le bas peuple. Même une amitié aurait été impossible entre ces deux-là. Et les voilà aujourd'hui : une femme forte, indépendante, qui avait mûri et avait pris le contrôle de sa vie ; un homme aventurier et impatient, qui malgré tout dépendait encore de la famille royale.

Tous ces souvenirs qui défilaient dans sa tête... Leur première discussion autour de quelques boissons, boissons qu'il avait payé bien trop chères afin d'être sûr qu'il serait toujours servi et que leur conversation ne s'arrêterait pas. Leur première nuit ensemble, qui avait suivi cette discussion, à la fois douce et passionnée. Les rencontres secrètes qu'ils avaient eu près de la taverne, priant pour que Belisar Merrin ne les voit pas ou que personne ne reconnaisse le prince. Bien sûr, Rowena n'avait pas été la seule fille pour qui il avait pu avoir des sentiments ou qui l'avait intéressé ; néanmoins, le fait de tenir autant à la fille d'un tavernier était ancré dans ses souvenirs, et Artaban avait une assez bonne mémoire. « J'aurais pu te protéger. » glissa-t-il d'un ton beaucoup plus calme. Je pourrai te protéger, disait-il à l'époque. A ce souvenir, un léger sourire éclaircit son visage, tandis qu'il s'approchait un peu plus de Rowena. Même avec ces paroles, il savait bien qu'il y avait toujours quelque chose qu'elle ne lui disait pas et qui le concernait. « Quelque soit la raison qui t'ait poussé à fuir et pour laquelle je suis responsable, je t'en prie, dis-la moi. Tu n'as plus à avoir honte ou peur aujourd'hui. Le passé est derrière nous. Quoi que ce soit, tu as besoin de le dire, j'ai besoin de le savoir, et nous avons besoin d'avancer et d'oublier définitivement. »

Repenser à ce qu'elle lui cachait l'énervait à nouveau mais il resta calme. Oui, il avait envie de marcher à nouveau en rond, de casser encore des fioles, de sentir le verre brisé sous la semelle de ses bottes, de jeter les fichus remèdes de Rowena, d'éteindre ce feu flamboyant et lumineux, de se réfugier sous cette pluie torrentielle qui le tremperait à nouveau en quelques secondes. Des actes démentiels, n'importe qui le prendrait pour un fou. Pourtant, il sentait que ce que Rowena avait à lui dire lui donnerait envie d'agir comme tel, de s'énerver comme un démon et de laisser les éléments s'acharner sur lui. Le regard de la jeune femme, torturé et indécis, le rongeait de l'intérieur, dévoilant une culpabilité ancienne qu'il avait enfoui depuis longtemps. « Dis-le moi. » était-il presque en train de supplier à présent. Ne pas savoir le torturait, l'énervait et le rendait triste à la fois ; une fois la vérité sortie, il irait sans doute beaucoup mieux. Bien sûr, Rowena ne voyait pas tout ce qui lui traversait l'esprit, peut-être était-elle aussi tourmentée que lui, voire plus. Lui n'avait pas vécu les mêmes horreurs qu'elle, il ne lui avait suffi que de retourner dans son palais et de l'oublier avec le vin, les festins et les entraînements. Avait-il seulement la moindre idée de sa vie et de son état d'esprit à l'heure actuelle ?


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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptyVen 8 Aoû - 19:04


Artaban ▽ Rowena


Pour changer, j'ai dû détruire ce que j'ai été.
Tout avait commencé par de simples boissons. De l'alcool, pour lui tout seul puisqu'il était le dernier client. Servi par la fille du propriétaire car le père était en déplacement. Ils avaient bavardé pendant un petit moment, encore et encore. Puis il y avait eu cette nuit, cette première nuit. La première erreur sans doute, mais la jeune fille ne regrettait nullement. Pas encore. Et ils s'étaient revus. C'était plus qu'une aventure sans lendemain. Même si elle se doutait bien qu'il y aurait une fin, un jour. Même si elle tentait de ne pas y penser.
Et il y eut des vomissements. Une prise de conscience. Et Rowena avait fui, emportant un léger bagage sur son dos. Et elle n'avait plus donné signe de vie. C'était le but. Qu'on la croit morte.


La pluie tombait toujours dehors, il faisait un peu frais et pourtant, la jeune femme avait étonnamment chaud. Elle déglutissait avec peine, sentant ses jambes trembler faiblement. L'envie de mentir s'empara soudainement d'elle. Mais elle ne pouvait pas inventer un mensonge si facilement, bien qu'elle ait des talents cachés pour ce genre de chose. C'était toujours utile au niveau du commerce après tout. Surtout, elle se disait qu'il avait bien le droit de savoir. Ca le concernait de très près. Même s'il risquait fort bien de se dire qu'il n'aurait jamais voulu entendre ça. Toutefois, il avait demandé à savoir, à obtenir des explications. Eh bien il les aurait, que ces informations lui plaisent ou non. Elle n'avait pas choisi que ça se passe ainsi après tout. Pour le coup, ils étaient deux fautifs dans l'histoire. Si on peut dire que c'était une faute... aux yeux du prince ça en serait certainement une, mais pour Rowena, il n'avait pas été aussi aisé de tirer pareille conclusion.
Elle espérait qu'il se montre compatissant. Qu'il ne lui témoigne aucune agressivité. Pourtant, il parla d'une voix impatiente. Il voulait savoir, et il ne lâcherait rien avant d'avoir eu ce qu'il voulait. Le jeune homme lui confia qu'il aurait pu la protéger. Il avait tout faux. Il n'aurait jamais pur la protéger éternellement. Il aurait fini par la jeter comme un vulgaire jouet dont on s'est lassé. Et elle aurait été bien embêtée.
Si elle était effectivement restée à Tashbaan, que ce serait-il passé ? La question lui effleura l'esprit et repartit aussi vite qu'elle était venue. Rien. Strictement rien. Ils auraient pris des chemins différents, à son grand regret. Un jour ils auraient eu à assumer leurs responsabilités, surtout lui en tant que prince de Calormen : épouser une noble dame etc... Cette pensée déchirait souvent le coeur de Rowena, avant. Parce qu'elle avait l'âme sensible d'une adolescente, elle s'imaginait son beau prince avec une femme, des enfents. Et ce n'était pas elle.

Lorsqu'il s'approcha un peu, elle recula tout autant, lentement, collant son poing gauche collé contre sa poitrine, du côté du coeur, les sourcils haussés et les yeux légèrement plissés.
La première phrase qu'il prononça confortait la guérisseuse dans son optique de finir par lui avouer. Mais le reste acheva de la faire douter. Oublier. Oublier ? Elle ne le voulait pas. Comment oublier ? C'était tout simplement impossible de ne plus garder en mémoire qu'elle avait eu sa première fois avec lui, qu'elle aurait pu finir dans un cachot ou pire pour avoir fréquenter le prince. Son père aurait pu en faire de même d'ailleurs.
- Je ne veux pas oublier... murmura-t-elle pour elle-même. Lui pouvait bien faire ce qu'il voulait, mais il était hors de question qu'elle "oublie définitivement".
Il ne comprendrait jamais ce qu'elle avait vécu. Ce n'était pas la même chose de l'un à l'autre. Rowena avait dû faire bien des sacrifices, se mettre en danger même, tandis qu'il sétait sûrement soûlé et avait dansé pour oublier cette étape de sa vie.
Elle fit encore quelques pas en arrière, ignorant le plus royalement possible son ordre. Elle était belle la soit disant sorcière terrifiante. Elle était plus apeurée qu'autre chose. Après tout, elle connaissait la nature impulsive et parfois agressive d'Artaban. Il n'hésiterait peut-être même pas à jeter des fioles à terre, en briser d'autres contre un mur, à casser une chaise, vider un chaudron, lancer des objets dans la grotte. Enfin... il n'irait tout de même pas jusque là n'est-ce pas ? Comme il l'avait dit, c'était du passé. Il n'y pouvait rien, il ne pouvait pas le changer.

La maîtresse de maison le regarda un instant dans les yeux avant de se laisser tomber sur une chaise pour fixer un point invisible. La peur lui broyait le ventre et l'empêchait de sortir un son. Après quatorze ans, elle pensait qu'il serait plus facile de le dire. Certes, mais à d'autres personnes, pas à lui. Puis elle planta à nouveau son regard dans le sien et se leva pour attraper ses bras et le diriger vers une autre chaise. Elle le fit s'asseoir sans lui demander son avis, tapotant son épaule et passant sa main dans ses cheveux d'un geste très nerveux. La sorcière souriait, effaçait son sourire et recommença une fois avant d'aller prendre place sur un siège à son tour.
Elle se pencha en avant, joignant ses deux mains. Au final, elle ravança sa propre chaise pour se trouver à moins d'un mètre du prince. C'était risqué vu ce qu'elle avait à dire. Elle prit une grande inspiration et se lança à l'eau. Car de toute évidence, c'est se lancer le plus dur.
- Je suis aussi partie parce que... parce que je n'aurai pas été la seule à mourir à Tashbaan si j'étais restée. Je t'aurais causé des ennuis si ça s'était su. Parce que... elle respira à nouveau avant d'expirer bruyamment et s'humecta les lèvres J'étais enceinte Artaban. Et de toi.

Sa respiration accéléra très rapidement et le rouge lui monta aux joues. Tout son esprit s'emballait à une vitesse folle. Le stress y était pour beaucoup. C'était sorti, mais maintenant elle avait peur de sa réaction. De ce qu'il allait dire ou faire. Elle n'aurait peut-être pas dû se mettre aussi près de lui. Elle soutint son regard un petit moment avant de le baisser, puis de le refixer. Et dans ses yeux clairs, on pouvait très bien lire le soulagement, la honte un peu, et une crainte à peine dissimulée.
Dire qu'elle aurait pu être mère, et que cet enfant aurait été comme elle : un bâtard. A la différence près qu'il aurait été le rejeton d'un prince, et pas d'une prostituée.
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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptySam 9 Aoû - 18:56




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Le visage de Rowena se décomposait petit à petit. Elle perdit son teint légèrement mate et devint plus blanche qu'une colombe. Il la sentait affaiblie, effrayée, tremblante, loin de celle qu'il avait croisé quelques minutes auparavant. Qu'avait-elle de si terrible à lui dire ? Qu'est-ce qui avait pu marquer autant sa vie, alors même que tout s'était passé quatorze ans plus tôt ? Il la regarda s'assoir sur sa chaise, l'air absente. Peu après, elle le fixa de ses yeux déterminés et pourtant toujours autant apeurés, et l'obligea à s'assoir en face d'elle. Il sentait bien qu'elle s’apprêtait à lui dire quelque chose, peut-être bien la vérité, celle qu'elle cachait depuis de nombreuses années... Aussi s'efforça-t-il de ne pas la pousser. Il était habitué, en voyant quelqu'un lui cacher quelque chose, de le pousser, de le provoquer, jusqu'à ce qu'il crache le morceau, quitte à en venir aux mains. Artaban avait une nature très impulsive et violente dans ce genre de cas, et pouvait parfois le regretter. Il fixa le sol, silencieux, en attendant encore et toujours. Ce genre de situation lui rappelait qu'il n'était pas toujours prince de Calormen, et encore moins à ce moment précis. Il ne voulait pas toujours qu'on le traite ainsi, et pourtant, il avait un malin plaisir à user du pouvoir et de la force que lui donnait son titre. Il ne s'en rendait pas toujours compte, et cette rencontre avec Rowena était une occasion de lui montrer qu'il restait un homme au même titre que n'importe qui.

Il la vit s'avancer vers lui, toujours assise. Il ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis le moment où il lui avait demandé la vérité, mais il l'avait enfin. Une vérité qui, pensait-il, lui soulagerait le cœur et l'esprit après toutes ces années. Il releva la tête, regardant Rowena de la manière la plus neutre possible. Au début, il ne comprit pas, bien entendu. Certes, elle avait raison. Le plus gros risque - et Artaban y avait pensé après la disparition de la jeune femme - était que quelqu'un découvre cette relation et que le Tisroc décide de la punir, de l'enfermer, voire de la tuer. Son père n'était pas un homme excessivement cruel, mais le jeune prince le savait, ce genre de relation avec une fille du peuple ne s'acceptait pas. Et bien entendu, son père et le reste de la cour lui aurait ri au nez s'il avait parlé de mariage. Le Tisroc lui avait dit un jour de se marier avec qui il voulait, qu'il ne lui imposerait pas une femme sauf en cas d'extrême nécessité. En tant que troisième fils du souverain, Artaban n'avait aucun réel pouvoir, ni aucun intérêt. Il avait eu peur, à la mort d'Esteram, qu'on l'oblige soudain à remplir des obligations de présence et qu'on lui colle des femmes dont il ne voulait pas. Aussi n'y avait-il pas eu de problèmes lorsqu'il avait épousé, quelques années plus tôt, la fille aînée d'un grand seigneur archenlandais ; elle avait, bien sûr, été acceptée au sein de la famille et contribuer à multiplier les alliances entre les royaumes et à maintenir encore une fois la paix.

Mais Rowena ne parlait pas de mariage. Ils n'en avaient jamais parlé, à vrai dire, bien que l'idée ait sans doute effleuré leurs esprit au moins une fois. Aujourd'hui, il n'était même pas sûr que la jeune femme serait acceptée, même en tant que deuxième épouse. Non, elle parla de quelque chose de bien pire. Quelque chose qui rendit le visage d'Artaban très pâle et qui vida ses yeux de toute expression pendant quelques instants. Enceinte ? Il comprenait mieux à présent, et ses pensées précédentes revinrent dans son esprit. Il y avait en effet, à l'époque, le risque qu'elle tombe enceinte. Il n'aurait pas pu épouser Rowena, mais il aurait pu prendre en charge l'enfant et le protéger, lui donner une vie meilleure. C'était ce qu'il se disait alors, et c'était beau, presque parfait. Mais il oubliait à nouveau que Rowena, elle, ne voulait pas ça. Elle-même était une bâtarde et avait eu une vie suffisamment dure pour ne pas faire subir le même traitement à son propre enfant. Rien n'aurait pu bien marcher dans ce plan... Il comprit. Il comprit, et le choc passé, se dit que la Calormène avait pris la bonne décision. Il voyait dans ses yeux qu'elle avait peur mais que lâcher la vérité, après tant d'années, lui faisait du bien. Il voulut presque sourire pour la rassurer, mais n'y arriva pas. Une question le tourmentait. « Le bébé. Qu'est-il advenu de lui ? » Sa voix, contrairement à ce qu'il souhaitait, avait été forte et peu agréable. Il se doutait bien de la réponse ; il n'y avait, en tout cas, aucune trace d'un enfant dans cette grotte.

Il ne voulait pas s'énerver, il ne voulait pas élever la voix. Mais c'était plus fort que lui. Il n'avait même pas commenté ses propos, comme s'il était superficiel de parler du fait qu'elle soit enceinte et qu'elle soit partie à cause de cela. Non, ce qui le choquait à cet instant précis, c'était qu'elle ne en ait pas parlé quatorze ans plus tôt, et surtout, qu'il n'ait jamais pu voir son enfant. Car si Artaban n'était sans doute pas le meilleur des hommes, le meilleur des frères, le meilleur des époux ou le meilleur des princes, il tenait beaucoup à ses enfants. Officiellement, il n'en avait qu'un, né de sa femme Danaë quelques années plus tôt. Mais il possédait également un bâtard, sûrement presque âgé d'une dizaine d'années à présent, qu'il voyait peu mais qu'il aidait financièrement comme il le pouvait. Malgré tout, Artaban n'était pas du genre à coucher à droite à gauche avec n'importe quelle femme, et fréquentait peu les bordels. Son bâtard était né d'une simple liaison qui avait duré peu de temps - comme avec Rowena, bien que ce ne soit pas pour les mêmes raisons. « Sais-tu que ce bébé aurait été mon premier enfant ? Un enfant qui, s'il l'avait voulu, aurait pu être à mes côtés aujourd'hui ? Un enfant qui n'aurait pas porté mon nom mais dont j'aurais été fier ? » Son ton était à présent glacial, de même que son regard qui croisait celui de la jeune femme. Ses paroles semblaient bien contradictoires avec son attitude face au réel bâtard qu'il avait ; la mère de cet enfant avait simplement décidé de le garder avec lui et de ne pas le faire aller près du palais, aussi avait-il décidé de respecter cette décision et de laisser l'enfant vivre comme il l'entendait.

Il se leva brusquement, donna un coup violent dans la chaise qui tomba avec un bruit fracassant et résonnant dans la grotte. Puis le silence revint, seulement coupé par le son des bottes d'Artaban frappant le sol. « Pourquoi devais-tu partir et me laisser ? Pourquoi ? » Le dernier mot ressemblait plus à un cri de rage qu'à une question. Une question dont il n'attendait pas la réponse, puisque Rowena venait de le lui donner. Il aurait pu lui dire qu'il aurait pu la protéger, l'héberger, l'aider, la cacher. Mais ça ne servirait à rien. Le temps était passé et les dernières quatorze années étaient trop lointaines. Ils ne pouvaient plus rien rattraper, et rien ne serait pareil. Il continua de faire les cents pas, à nouveau énervé, attendant de se calmer tout seul. Il respira doucement, marcha de moins en moins vite jusqu'à s'arrêter près de sa chaise renversée, en face de Rowena. « Raconte-moi la suite. Comment as-tu réussi à fuir et à t'établir ici ? » Elle allait devoir finir son histoire, et peut-être était-ce plus plaisant de parler de sa grotte et de ses remèdes plutôt que de sa grossesse non désirée. Artaban ne voulait pas s'énerver à nouveau et faire quelque chose qu'il regretterait amèrement, même s'il pensait Rowena suffisamment forte pour lui résister.


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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptySam 9 Aoû - 23:48


Artaban ▽ Rowena


Pour changer, j'ai dû détruire ce que j'ai été.
La peur. On pouvait la lire aussi bien dans les yeux de Rowena que dans ses tremblements. Elle avait dit la vérité, mais craignait des représailles. Même si elle estimait avoir eu de bonnes raisons, elle gardait à l'esprit que pour Artaban, elle avait fui sans un mot. Ce n'était pas la ville qu'elle avait quittée, c'était lui. Pour l'exilée, c'était bien différent. Si elle n'avait pas fait ce choix, elle aurait dû garder l'enfant. Comment aurait-elle pu se procurer du thé de lune sans qu'on lui pose de question ? Sa taverne était assez connue pour que la rumeur se répande que la fille Merrin était enceinte, alors que non mariée. Qu'aurait alors été la vie de son bébé ? S'il n'avait pas été tué d'abord par son grand-père. Elle aurait été mise à la rue, et ils seraient sans doute morts tous les deux. Alors elle était certaine d'avoir fait le bon choix. Même si elle en avait pleuré pendant longtemps. Même si elle avait failli mourir aussi.
Toutefois, elle ne pouvait s'empêcher parfois d'imaginer un enfant courant ici et là, lui ramenant des petites écorchures. Au moins, elle aurait eu de la compagnie. Et aujourd'hui il aurait déjà près de quatorze ans. Pourquoi ne l'avait-elle pas garder au fond ? Elle n'était pas morte de sa condition, alors il aurait vécu comme sa mère. Des souvenirs d'enfance avaient dû remonter, chaque fois qu'elle y pensait, chaque jour avant de passer à cette action irrévocable.

Le prince éleva la voix après un moment de silence. Rowena étouffa un sanglot. Elle ne lui en voulait pas, c'était plus fort qu'elle. Ils devaient tous les deux être dans un état bien étrange. C'était certainement pour cela qu'il lui demanda où était passé le bébé. Mort. Auprès de Tash. Mort. Il n'avait jamais vu le jour d'ailleurs. Ca n'avait pas été simple psychologiquement. Et dès qu'elle avait avalé le thé, la guérisseuse avait voulu revenir en arrière. Puis elle s'était dit que c'était mieux ainsi. Par vagues, les deux pensées lui revenaient. Elle fut tourmentée, encore et encore, jusqu'à ce que tout se tasse un peu. Mais en fait, plus le temps passait, plus elle regrettait, car elle n'aurait peut-être plus l'occasion de voir un bambin grandir auprès d'elle.
Deux trois larmes commencèrent à tomber de ses yeux pour rouler le long de ses joues à partir du moment où le calormène reprit la parole, comme pour lui faire des reproches. Elle le ressentait ainsi. Sa voix était trop forte pour qu'il puisse être compatissant. Et il criait presque. Elle se mit réellement à pleurer quand il dit qu'il aurait été prêt à aider, voir son fils, ou sa fille selon. Elle pleurait de tristesse et de colère aussi. A ses côtés ? Et qu'est-ce qu'on aurait dit de lui ? Il n'aurait été qu'un bâtard, qui n'aurait jamais dû naître, et puisque né, qui n'aurait jamais dû voir, connaître, vivre auprès de son père. Jamais elle n'aurait permis de voir son enfant, l'être qu'elle aurait mis au monde à la sueur de son front, se trouver malheureux à cause des critiques et des moqueries. Elle avait déjà vécu en tant que tel : son père ne l'avait jamais aimée, et elle en avait souffert jusqu'à la fin. Infliger pareil sort à un bébé innocent était au-dessus de ses forces. Alors même la fierté et l'aide d'Artaban n'auraient été suffisantes pour lui assurer une vie paisible.

Rowena supportait très mal le regard froid que lui jetait le jeune homme et reniflait bruyamment, ne prenant pas la peine de retenir ses larmes. Elle n'avait pas envie d'être forte. Elle avait bien le droit dé céder. Elle venait de repenser à la douleur, au choc, et maintenant le géniteur de cet enfant mort avant la naissance se montrait glacial avec elle, ne semblant même pas comprendre. Il ne l'aidait pas le moins du monde. Alors la force, elle pouvait bien attendre un peu.
Artaban se leva d'un coup, surprenant la jeune femme. Plus encore lorsqu'il s'empara de la chaise pour la jeter avec violence dans la grotte, arrachant un hoquet de stupeur à la pauvre calormène. Il marcha un peu, et le silence n'était perturbé que par quelques reniflements et les bruits de pas. Pourquoi s'énervait-il autant ? Il aurait presque été capable de la frapper vu la colère que l'on pouvait voir dans ses yeux foncés. Il hurla un "pourquoi" qui n'attendait aucune réponse. Et Rowena l'aurait giflé si elle avait été plus apte à le faire. Il était bien égoïste à cet instant. Mais elle resta à son sanglot, ne parvenant pas à s'arrêter. Ca faisait quatorze ans qu'elle s'était contenue, il fallait bien que ça sorte un jour ou l'autre.

Elle releva la tête vers lui, les yeux rouges, des sillons au niveau des joues. Elle se leva aussi brusquement, criant presque aussi fort que lui. Tu crois que ça a été facile ? J'ai pris un bateau, à plusieurs semaines de grossesse, j'arrêtais pas de vomir ! J'ai marché dans une forêt inconnue jusqu'à trouver cette grotte. Et j'ai préparé du mieux que je pouvais un thé de lune pourri qui a failli me tuer ! Je voulais le garder, j'aurais tellement aimé, mais tu ne sais pas ce que c'est d'être regardée de travers parce qu'il nous manque un parent, et que l'on est né hors mariage ! Tu ne sais pas ce que c'est que d'être un enfant illégitime ! A Tashbaan il n'aurait eu aucune vie potable, critiqué et rejeté de toute part ! Tu ne comprends pas qu'en le prenant sous ton aile ils auraient tous compris ?! Mon père, le tien, la noblesse. Ils nous auraient tués, le bébé et moi ! C'est ça que tu voulais ? C'est ça que tu voulais Artaban ? Que je meurs pour avoir été assez stupide pour tomber amoureuse du prince de Calormen ! Elle haussa les épaules et s'effondra sur sa chaise, pleurant davantage encore.
Rowena prit son visage entre ses mains et se recroquevilla sur elle-même, bougeant ses épaules avec ses hoquets incessants.

Par Tash, elle avait tué son bébé. Elle avait bien failli se tuer avec. Elle l'avait tué. Son enfant. Celui de l'homme qu'elle aimait. Elle l'avait fait si rapidement qu'au final, ça avait été presque sans réfléchir. Sur un coup de tête. Sans avoir parlé au père. Parce qu'elle l'aimait trop pour lui apprendre qu'elle portait son enfant. Et qu'elle allait l'éliminer. Il l'aurait retenue. Elle l'aurait gardé. Il aurait eu une vie atroce. Il n'aurait été rien de plus que le bâtard du fils du Tisroc. Et il aurait pu être tué rien que pour ça. Alors que ce n'était pas de sa faute. Mais celle de sa mère. Elle était fautive. Parce qu'à dix-sept ans, naïve comme tout, elle avait aimé un noble. De tout son coeur, et innocemment. Sans rien vouloir en retour. Acceptant la protection de ses bras lorsqu'elle allait mal. Si seulement elle était née noble. Elle aurait pu faire sa vie avec lui. Au lieu de ça, elle l'avait quitté, son bébé dans le ventre. Sans qu'il n'en sache rien, s'inquiétant sans doute de ne plus la voir et de n'avoir aucune information. Elle n'était qu'une adolescente. Tout était arrivé trop vite. Elle n'avait pas pris le temps de réfléchir. Elle avait perdu son amour, son enfant, sa joie de vivre, son sourire. Pour gagner sa liberté, son indépendance. C'était cher payé.
Elle avait tourné le dos au champ et était partie, effaçant de sa mémoire cet endroit pour ne jamais y retourner. Par Tash, elle regrettait et se disait en même temps qu'elle avait bien fait. Elle s'était écroulée, pleurant, pliée en deux, visage dans les mains. Elle avait cru que c'était la bonne solution, et elle voyait déjà qu'elle avait un peu tort. Elle aurait été capable de l'élever. Même sans père. A cet instant, elle aurait tout donné pour être avec lui, à Tashbaan. Comme avant d'être enceinte. Et elle l'aurait écouté, enfin.
Par Tash, elle avait tué son bébé et abandonné l'homme qu'elle aimait.
Elle se rappelait de tout ce qu'elle avait pu penser ce jour là, alors qu'elle s'était faite toute petite sur sa chaise, souhaitant revenir quatorze ans en arrière. Mais c'était de toute évidence impossible. Elle avait fait une erreur, un jour, n'importe laquelle, et elle en payait désormais le prix.
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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptyDim 10 Aoû - 22:21




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Et voilà qu'elle pleurait. Lui aussi sentait des larmes de rage se former aux coins de ses yeux sombres, mais ne coulant jamais. Qu'est-ce que voulait Rowena ? Qu'il compatisse, qu'il la prenne dans ses bras, la réconforte, et parte comme si rien ne s'était passé ? C'était bien trop beau et loin d'être du genre d'Artaban. Elle avait eu de nombreuses années pour se remettre de la perte de cet enfant non voulu, de la perte de son amant, de la perte de son royaume d'origine. Elle avait développé une nouvelle vie ici, une vie bien différente de celle qu'elle avait à Tashbaan, elle avait tiré un trait sur le passé. Artaban, lui, venait de tout découvrir. Si encore elle avait fui à cause de son père et de sa vie infernale dans la capitale, il aurait compris. Mais l'enfant qui n'a jamais pu naître fut la goutte de trop. Elle lui répondait que cet enfant aurait eu une vie misérable de par son statut de bâtard, qu'il soit à Tashbaan ou en Archenland. Certes, il ne savait pas ce que c'était, pas exactement. Mais il n'était pas étranger au phénomène. Il était, après tout, né de la deuxième femme du Tisroc, comme si une première n'avait pas suffi. Pendant longtemps, ses demi-frères Esteram et Darian ne lui avaient pas adressé la parole, ne voulant rien à voir à faire avec cet enfant né d'une autre femme que leur mère. Pourtant, le Tisroc n'avait pas pris cette deuxième épouse parce qu'il se lassait de la première, bien au contraire ; et les deux femmes ne se faisaient pas la guerre. Lorsqu'il était jeune, plein d'innocence, et qu'il n'avait pas encore assimilé toutes les coutumes calormènes, il ne comprenait pas pourquoi son père avait deux femmes, et s'était questionné sur son propre statut.

Au fond, les bâtards étaient mieux acceptés à Calormen que dans les autres pays du Nord où prônaient la liberté et le respect. Néanmoins, les bâtards devenaient souvent de simples soldats et vivaient rarement auprès de leurs pères, si ces derniers étaient des tarkaans. Quant aux gens du peuple, avoir un bâtard signifiait avoir une aide au travail - s'il était utile -, sinon il était abandonné, voire tué. Artaban était persuadé qu'il aurait pu garder cet enfant auprès de lui. Peut-être pas en l'appelant "fils", ni en lui offrant une place de luxe à ses côtés. Oui, la vie aurait été plus dure. Oui, il aurait eu du mal à voir sa mère. Mais il valait mieux ça que la mort. Rowena avait beau dire que tout se découvrirait, que cet enfant aurait une vie plus dure que celle qu'elle avait déjà eu, elle ne s'y connaissait pas en pouvoir et en politique. Et s'il ne l'avait pas protégé, pourquoi l'avait-elle tué, au lieu de garder ce précieux don de Tash ? Il ne lui en aurait pas voulu de fuir avec l'enfant et de vivre sa vie loin de lui, pourvu qu'elle l'en ait informé. Mais il ne savait pas s'il lui pardonnerait un jour. Il avait besoin d'y réfléchir, d'encaisser la nouvelle, de repenser à sa propre vie. Ca n'aurait rien changé dans sa vie... Esteram serait toujours mort, il aurait toujours épousé une noble, il aurait eu des enfants. Rowena et son enfant non né n'auraient rien pu changer dans sa vie monotone de prince.

Il la fixa longuement. Il lui en voulait, et sa rage était telle qu'il aurait été capable de la soulever de sa chaise, de la remettre debout et de la frapper pour qu'elle comprenne sa colère. Mais ce n'était pas la solution, et Artaban se refusait de faire du mal à une femme, et encore moins à Rowena. Il ne sut combien de temps il resta planté là, les yeux rivés sur elle, répétant ses paroles en boucle, voyant les larmes déborder du visage et des mains de la jeune femme, utilisant sa raison pour se convaincre qu'elle n'avait pas le choix et qu'il s'agissait du passé. Peut-être deux minutes, peut-être une demi-heure, peut-être plus. Finalement, il remit lentement la chaise sur ses pieds, à l'endroit exact où elle était auparavant, à moins d'un mètre de Rowena, et s'assit dessus, face à la jeune femme toujours en pleurs. Là encore, il ne dit rien, et laissa le silence les entourer, tandis que sa colère baissait et que les sanglots diminuaient. Artaban tremblait encore de rage et ses yeux brillaient toujours d'une lueur inquiétante, mais il se promit de ne rien faire de violent. Doucement, il attrapa les poignets fins de Rowena, les entourant de ses doigts pour les écarter du visage de la Calormène. Ses pleurs étaient moins fréquents, peut-être n'avait-elle plus de larmes à laisser couler. Malgré tout, ses yeux étaient rouges et gonflés, ses joues rosies et ses lèvres tremblaient. Soudain, il ne vit plus les traits légèrement creusés de la jeune femme, mais apercevait cette fille de dix-sept ans qu'il avait connu. Elle avait déjà pleuré devant lui, à l'époque, pas autant mais à cause de lui et de leur situation. Le destin semblait avoir voulu faire un parallèle dans son esprit entre les deux moments. Devant un si triste visage, Artaban s'en voulut. Il ne voulait pas la faire pleurer, elle ne méritait pas ça.

Oui, il était énervé, mais pour rien au monde il ne la laisserait dans un tel état. Il rapprocha encore sa chaise jusqu'à ce que leurs genoux se touchent, puis essuya comme il put les joues et les yeux de la Calormène avec ses doigts, aussi délicatement que possible. Il resta silencieux, ne sachant quoi dire sans la faire pleurer davantage. Ses mots furent tout de même maladroits et son ton hésitant. « Écoute, je... Je suis désolé de t'avoir mis dans une situation dont je n'avais aucune idée. Tu méritais mieux dans ta vie, et au lieu de t'aider et d'éclaircir un peu tes journées, je n'ai fait que les assombrir. Je regrette que tu aies du partir aussi loin pour échapper à ton père...et pour m'échapper. » Voilà qui était censé être des paroles réconfortantes ou des excuses, mais qui n'y ressemblaient pas vraiment. Peu importe. Il comprenait que s'énerver sur Rowena ne résoudrait rien et surtout, ne changerait rien. Aussi valait-il mieux en parler tranquillement, et peut-être changer de sujet. « Maintenant que je suis au courant, je pense que...nous pouvons tirer petit à petit un trait sur notre passé commun. Je vois que tu as malgré tout bien avancé, que tu as trouvé ta voie avec ces remèdes, et que tu vis à ta manière dans cette grotte. » Mais, pensa-t-il, peut-être est-ce une simple façade. Elle ne ressemblait en rien à la femme sombre qu'il avait croisé avant que la pluie ne tombe. Comment en était-elle venue à cette image ? A moins qu'il ne s'agisse pas d'une image...

Il attendit patiemment que Rowena se calme et s'écarta un peu, se doutant bien qu'elle lui en voulait aussi. Il songea un instant au père de celle-ci, qu'il n'avait aperçu que de rares fois, mais dont il se souvenait parfaitement. « Pourquoi es-tu restée ici ? Pourquoi n'es-tu pas revenue à Calormen ? » Il pouvait comprendre qu'elle soit partie, mais...avait-elle abandonné ses origines ? Bien sûr, en combinant le départ avec la manière dont Belisar Merrin traitait sa fille, Artaban avait déjà sa réponse. Il savait à quel point la Calormène avait peur de lui et était dégoûtée par ce qu'elle essayait d'appeler "père". Mais il connaissait aussi la réputation et l'influence que ce tavernier, à l'apparence ordinaire mais cachant bien des choses, possédait, bien que personne n'ait jamais eu de preuves. Peut-être ne retournerait-elle jamais à Tashbaan par peur de son géniteur. Peut-être était-elle bien installée ici et avait adopté la forêt archenlandaise. Et peut-être ne voudrait-elle plus jamais revoir son prince, son ancien amant... Comment pouvait-il la blâmer, quand lui-même s'efforçait de voyager aux quatre coins du monde pour ne pas rester enfermé dans les murs dorés du palais royal de Tashbaan, sous l'influence de son frère et de son père le Tisroc. Il n'avait même pas de résidence à l'extérieur de la capitale pour y vivre tranquillement avec sa femme et son fils. Il garderait toujours son royaume dans son coeur bien sûr, mais comme Rowena, il vivait à sa manière autre part.


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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptyLun 11 Aoû - 19:59


Artaban ▽ Rowena


I have died everyday waiting for you
Petit à petit, le flot de larmes se tarissait. Il n'y avait plus rien dans son corps à pleurer. Si comme à tout le monde ça lui était déjà arrivé de pleurer, ça n'avait jamais été à ce point. Les événements qui venaient de se dérouler l'affectaient plus qu'elle ne l'aurait cru. Et elle avait besoin de lâcher sa peine. Même si elle paraissait fragile et faible come une enfant de dix ans. Et d'une certaine manière elle s'assurait une protection. Elle savait Artaban plus qu'énervé, aussi en étant ainsi recroquevillée, elle avait bien moins de chance de subir un acte de violence. C'était un tout. Elle avait mal au coeur, elle se sentait blessée intérieurement et moralement. C'était comme enfoncer de nouveau un couteau dans une plaie normalement cicatrisée. Ces blessures là ne se referment jamais vraiment... surtout lorsqu'elle s'est ouverte tôt dans la vie. Dix-sept ans, c'est trop jeune pour supporter complètement un tel choc. Enfin, c'était son choix, alors bien fait pour elle n'est-ce pas ? Pourtant on ne pouvait pas entièrement lui reprocher son geste. La peur, le stress, les mauvais souvenirs. Tout un tas de sentiments si négatifs qu'ils l'avaient poussée à commettre l'irréparable. Elle ne pourrait jamais revenir en arrière et réparer ses erreurs, qu'elle avait comprises avec le recul et le temps. Malgré tout une part d'elle-même continuait de penser que ça avait été la bonne décision. Toujours est-il qu'aujourd'hui elle était bien seule dans sa grotte, sans enfant ni toute autre compagnie. Être solitaire était un choix, mais la solitude ne l'était pas. Et pourtant elle s'en satisfaisait la plupart du temps, songeant que personne ne voudrait jamais vivre avec une "sorcière". Elle était à l'origine de sa réputation et ne s'en plaignait pas. En général.

Elle s'imagina ce qu'aurait été sa vie si elle avait gardé le bébé. Elle n'aurait pas eu Artaban à ses côtés, il n'aurait donc pas eu de père. Mais il aurait eu une mère des plus protectrices. Il aurait eu un étang pour se baigner à volonté, une forêt gigantesque pour aller chasser les petites bêtes et cueillir des champignons pour les soupes. En parlant de repas, il aurait très certainement été heureux d'avoir une maman cuisinant bien. Il aurait grandi dans un jardin immense, où personne ne l'aurait dérangé. Et Rowena gagnait suffisamment pour lui assurer une vie confortable : vêtements, jouets, nourriture. Il n'aurait manqué de rien sauf d'un père. Qu'il aurait peut-être pu voir s'il était venu à demander. La guérisseuse aurait dû tout raconter au prince et il serait sans doute entré dans une colère noire, mais devant son fils... quoi qu'avec un mariage il les aurait rejetés ? Elle ne le saurait jamais. Parce qu'elle avait tué son bébé, comme ça, presque d'un claquement de doigts.
Finalement, elle avait fait une future mère absolument horrible. Tash pouvait la blâmer, et son enfant aussi de là où il était.

Elle n'aurait su dire combien de temps le silence dura, seulement coupé par des bruits de pieds se posant sur le sol et des hoquets qui se raréfiaient. Rowena entendit un qu'il soulevait la chaise pour la reposer sur ses quatre pattes et il s'assit dessus. Elle ne releva pas la tête et n'esquissa pas le moindre geste, quel qu'il soit. Un frisson parcourut le long de son corps au moment où elle sentit qu'il s'approchait. Puis elle tressaillit plus franchement lorsqu'il entoura ses poignets. Si elle opposa une légère résistance au début, elle laissa tomber. Il agissait avec une grande douceur alors qu'il était enragé au plus haut point. Il se calmait, mais il mettrait du temps à tout avaler. Rowena lui avait débalé tout trop rapidement - même si c'est lui qui l'avait voulu - et trop longtemps après les faits. Si au moins elle lui en avait parlé avant, tout aurait été différent. Peut-être trop même.
Elle trembla de nouveau lorsque leurs genoux furent collés l'un contre l'autre, mais elle ne recula pas et le fixa, reprenant son calme également. La jeune femme le laissa faire, comprenant à peine ce changement soudain de comportement. La seconde d'avant on aurait dit qu'il était prêt à l'étrangler, et voilà qu'il séchait ses larmes, doucement, gentiment. Elle n'aurait pas su quoi dire aussi le remercia-t-elle intérieurement pour avoir pris la parole. Le pauvre balbutiait, le ton hésitant comme celui d'un enfant s'adressant à d'importants hommes politiques.
Elle lui sourit tristement. Il avait été un soleil pour elle, mais aucun d'eux n'aurait pu prévoir les évènements qui allaient arriver. Même s'il était évident à l'époque qu'il y avait un risque pour qu'elle se retrouve enceinte. Sans moyen immédiat pour y remédier : en se protégeant par exemple. Il était inutile cependant de dire qu'elle n'avait pas cherché à lui échapper, bien au contraire, elle avait voulu le protéger des représailles. En revanche il avait tout à fait raison pour son père. Si elle n'avait pas fui, Tash seul sait ce qu'il aurait pu faire. Il n'était pas un tendre, loin de là.

Il était plutôt aimable de prendre une voix calme, alors qu'il venait de tomber de haut. Il tentait sûrement de la rassurer du mieux qu'il pouvait. Par pitié ? Rowena ne voulait pas attirer la pitié sur elle. Mais elle préférait repartir sur de bonnes bases avec Artaban, parler plus doucement, sans se hurler dessus ou se jeter des regards noirs. Ca ne servait et ne menait à rien. Néanmoins, il lui était tout bonnement impossible de tirer sur son passé. Elle avait été marquée si jeune qu'elle ne pourrait jamais oublier, ni ne plus y penser. Elle ne dit rien, laissant passer. Il n'était plus le temps d'échauffer les esprits. Un sourire joyeux se peignit sur son visage et ses yeux brillaient d'une lueur de douceur. Ils étaient aussi vides d'animosité que ceux d'un bébé étaient vides de cruauté.
Le prince s'écarta légèrement et enchaîna, lui posant une question dont, elle en était sûre puisqu'il était loin d'être stupide, il avait déjà la réponse. Pourquoi serait-elle rentrée ? Pour quelle excellente raison aurait-elle remis les pieds à Tashbaan ? Elle n'y avait pas de maison, elle n'avait pas non plus assez d'argent sur elle pour subvenir à ses besoins très longtemps.  Quant à trouver un métier... gouvernante ? Tavernière ? Couturière ? Aucun de ces emplois ne lui auraient assuré une belle vie. Car ce n'était pas ce qu'elle avait toujours rêvé de faire.

Rowena se leva et marcha jusqu'à un autre meuble dquel elle sortit deux verres et elle alla ensuite chercher une bouteille opaque. Elle tendit un des verre à Artaban et servit. Elle en but deux avant d'avouer qu'il s'agissait d'une gin maison, faite avec les baies de genièvre récupérées par ses soins. Puis, se rapppelant que ce n'était pas au goût des Calormènes, elle rangea le tout et revint avec du vin plus exotique. A nouveau elle remplit deux verres et vida le sien d'un coup. J'estimais ne plus avoir ma place à Calormen. Et j'avais peur de tomber sur mon père et de retourner dans son enfer. Et aussi de te blesser toi, parce que les nouvelles auraient été les mêmes. Elle resservit le calormène et elle-même, buvant ce vin sans le savourer réellement.
La guérisseuse répéta cette action plusieurs fois de suite, observant Artaban boire verre après verre. Au fil des gorgées, elle lui expliquait la façon dont elle avait appris à se servir des plantes de cette forêt, comment elle avait établi un petit commerce ambulant au Nord, la manière avec laquelle elle avait réussi à utiliser la voyance pour gagner encore plus d'argent. Elle se livrait à lui avec des grands gestes, un sourire éclatant. Et parfois un petit rire. Rowena avait l'alcool joyeux, et il commençait à monter sévèrement. Pourtant elle buvait encore et encore, servant inlassablement, poussant même son interlocuteur à liquider plus rapidement.
A la fin, elle était assez éméchée pour éclater de rire après avoir sorti une blague connue et donner un faux coup de poing sur le torse -toujours nu - d'Artaban, comme on donne une petite tape amicale sur l'épaule d'un ami. Puis elle s'arrêta soudain de rire et fixa son hôte et le dévisagea avant de se focaliser sur ses yeux sombres. Elle baissait les yeux vers ses lèvres, et remontait jusqu'à ses cheveux à présent quasiment secs. La jeune femme se rappelait alors qu'elle l'avait certes aimé pour sa mentalité, son caractère, mais qu'il était tout de même plus que charmant. Beau, intelligent, sympathique, et pas machiste - tout du moins elle ne l'avait jamais vu comme tel. Il avait tout pour plaire. Sauf ce côté impulsif, agressif même, et parfois il était clairement irréfléchi.
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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptyLun 18 Aoû - 15:12




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Rowena & Artaban

Étonnamment, Rowena le laissa faire et n'opposa que peu de résistance. Elle resta silencieuse un long moment, bien qu'elle semblait aller mieux. Tous deux se calmaient petit à petit à leur manière, avec le temps qu'il fallait. Il ne servait plus à rien de continuer à s'énerver, de se hurler dessus, de pleurer sur le passé. Artaban commençait à redevenir calme et posé, et surtout à réfléchir. Il avait eu tord de s'emporter ainsi. Comment pouvait-il crier sur la femme avec qui il avait eu une simple liaison de nombreuses années plus tôt, simplement parce qu'elle l'avait quitté et avait tué leur enfant avant même la naissance. Il l'avait retrouvé à présent, bien que tout soit différent. Les enfants, il en aurait suffisamment dans sa vie. Il n'avait pas à juger la jeune Calormène pour ses actions, il n'avait aucun droit, même en étant son prince. Seul Tash pouvait s'occuper d'elle, la punir ou la laisser continuer sa vie ainsi, malgré cet enfant qu'il avait voulu leur donner. Quand il rentrerait à Tashbaan, Artaban se promit de passer d'abord par le temple de Tash et d'aller prier à propos de ces retrouvailles avec Rowena, et à propos de leur enfant disparu. Peut-être ceci l'aiderait-il à y voir plus clair et à mieux digérer ces nouvelles.

La jeune femme se leva pour aller chercher quelque chose qu'Artaban ne vit pas tout de suite, mais qui s'avéra être une bouteille de vin et deux verres. Elle ne tarda pas à remplir ces derniers et à boire le sien d'un trait tandis que le prince prenait celui qu'elle lui tendait. Il en but une longue gorgée avant de tirer une grimace, plus habitué aux vins chauds du sud. Il finit néanmoins son verre pendant que Rowena lui expliquait qu'elle avait fabriqué la boisson elle-même. Elle se releva soudainement et partit chercher une autre bouteille qui ressemblait à du vrai vin, en remplissant de nouveau leurs verres. Il fut d'abord surpris de la voir avaler la boisson aussi rapidement, mais finit par hausser les épaules et suivit le geste de la Calormène, laissant le liquide tomber au fond de son estomac sans même sentir son goût. Il en avait sacrément besoin, peut-être que l'alcool l'aiderait à mieux digérer la nouvelle...comme il l'avait aidé à digérer le départ de Rowena une dizaine d'années plus tôt. Celle-ci répondit à sa dernière question tout en les resservant. Lui-même ne dit rien après cela. Cette conversation était terminée, du moins pour le moment. Ils en reparleraient sûrement un autre jour, quand ils iraient mieux. En attendant, ils se resservirent et burent à nouveau plusieurs verres. Bientôt, ils ne les comptaient plus.

Artaban n'eut pas besoin de lui demander ce qu'elle faisait depuis ces nombreuses années, elle le lui expliqua d'elle-même, après son cinquième verre. Son discours était cohérent au début, puis l'alcool monta et peu à peu, ses paroles ne voulaient rien dire. Le Calormène, de son côté, hochait la tête et parlait peu. Il ne remarqua pas les phrases parfois sans sens de Rowena, mais il lui semblait qu'il comprenait tout. A son tour, il lui parla rapidement des quelques évènements drôles qui étaient arrivés à la cour du palais. L'ambiance devint soudain moins drôle lorsqu'il parla, sans vraiment le vouloir, de la mort de son frère Esteram. Il remplit à nouveau son verre - en mettant une bonne partie du vin à côté - et le but d'un trait avant de se remettre à rire pour une raison inconnue. Rowena elle-même se mit à dire des blagues qui le fit rire de plus belle. Ils étaient si proches que la jeune femme finit par poser sa main sur le torse d'Artaban. Du moins, c'est ainsi qu'il le sentit, alors qu'il ne s'agissait que d'un léger coup de point amical. Il se souvint qu'elle faisait la même chose quand ils se connaissaient. Il rattrapa sa main en la serrant dans la sienne contre son torse, tout en la fixant droit dans les yeux. Il cessa de rire autant que Rowena, et se rapprocha d'elle. Elle avait autant vieilli que lui, mais elle était si belle. Il sourit et attrapa doucement son menton avec son autre main. Leurs visages s'approchèrent encore, leurs lèvres étaient prêtes à se toucher...

...Puis Artaban manqua de tomber de sa chaise. Il se remit à rire comme un brave idiot et se redressa en vidant son verre encore à moitié plein. Il ne savait pas combien de verres il avait ingéré, mais sa vision était légèrement troublée et ses gestes peu contrôlés. Il restait toutefois assez lucide, bien que chaque parole le fasse rire. Il ne pensait plus à leur récente discussion, comme si elle n'avait jamais existé. Il finit par se lever de sa chaise et à regarder autour de lui. Rowena lui avait dit ce qu'elle faisait comme "remèdes", mais il était bien plus drôle et intéressant de le voir par ses propres yeux. D'un pas presque déterminé, il jeta un coup d'oeil à plusieurs fioles. Il voyait un défilement de couleurs toutes plus étranges plus unes que les autres, tandis que d'autres avaient l'air tout à fait normales. Il fit cette fois attention à ne pas faire tomber des bocaux en verre qui se trouvaient au sol, mais ne put s'empêcher de trébucher sur l'un d'eux et dut se rattraper aux étagères. Il découvrit alors de nouvelles fioles qui, même fermés, avaient une étrange odeur. Il se pencha pour les observer, remarquant que certains avaient des étiquettes. Un en particulier attira son attention : il était d'un noir apocalyptique, plus sombre encore que les yeux de Tash. Il saisit avec précaution le flacon qu'il ouvrit. « Des poisons, hmm ? Voilà qui est bien loin de ressembler à un remède. Ma femme m'a déjà montré celui-là. »

Il disait cela d'un ton nonchalant, comme si trouver des poisons chez Rowena était tout à fait normal. En réalité, il n'était pas surpris simplement parce que lui-même ainsi que sa femme s'y intéressaient parfois - voire les utilisaient. Et il avait trop bu pour réellement se rendre compte que la Calormène était bien plus dangereuse qu'il ne le pensait. Il se remit à sourire en se tournant vers elle, puis reposa la fiole avec précaution. A côté, cachés derrière quelques livres, il en vit d'autres qu'il ne chercha pas à regarder. « Et les poisons, ils te servent à quoi ? » Question stupide, certes. Ce qu'il voulait surtout savoir, c'est si elle s'en servait ou si elle les vendait. Depuis quand fabriquait-elle des poisons ? Surtout, comment avait-elle apprise ? Le jeune prince lui raconta vaguement qu'il avait épousé une Archenlandaise quelques années auparavant, et qu'à sa grande surprise, elle s'était très bien adaptée à la cour calormène, au point de cacher bien des choses à son mari, notamment sa passion nouvelle pour les poisons. Il précisa qu'il s'agissait probablement de la meilleure femme qu'il aurait pu avoir, puisque celle-ci le laissait faire ce qu'il voulait, tant que lui-même ne se préoccupait pas de ce qu'elle pouvait faire derrière son dos. Ils avaient une certaine confiance inexplicable entre eux qui leur convenaient parfaitement.

« Tu sais, on m'a appris dans ma jeunesse à reconnaître les poisons, à savoir leurs antidotes. Mais il s'avère que c'est bien plus intéressant de les utiliser. » Il alla jusqu'à sa tunique jetée par terre - encore trempée et chiffonnée - et sortit une dague cachée entre les tissus. Avec un sourire, il enleva la lame de son fourreau - un fourreau en or serti de pierres précieuses - qu'il donna à Rowena. Sur le métal luisait une fine pellicule qui rendait la lame brillante, mais surtout mortelle et terrible. « Le poison laisserait le plus fort des hommes accablé d'une fièvre monstrueuse et d'une douleur accablante pendant plusieurs jours. Rien qui ne tuerait bien sûr, seulement quelque chose qui leur rappellerait qu'il ne faut pas jouer avec moi. » En effet, s'il utilisait des poisons sur ses armes, il ne voulait pas que ces substances tuent son adversaire ; c'était à lui et lui seul de le tuer. Et s'il l'épargnait, il faisait en sorte qu'on ne l'oublie pas de sitôt. Il se rapprocha de Rowena qui tenait toujours la dague empoisonnée. Que pouvait-elle bien penser de lui ? Tout comme elle, il avait changé. Tout comme elle, son âme s'était durcie et s'était assombrie. Il voulait continuer de penser à tout ceci, mais l'alcool lui brouilla l'esprit, ce qui le fit à nouveau rire pour rien. « Je me demande comment tu fais pour vivre ici et parler aux Archenlandais. » Il se remit à rire encore. S'il fréquentait majoritairement des nobles en Archenland qui n'étaient pas prompts à sourire souvent, il avait déjà parlé avec de simples habitants, qui lui avaient paru bien trop niais et gentils avec leur discours de soit-disant liberté, si bien qu'il en riait encore aujourd'hui.


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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptyJeu 21 Aoû - 15:21


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I have died everyday waiting for you. Darling don't be afraid, I have loved you for a thousand years, I'll love you for a thousand more.
Ils riaient tous les deux, enchaînant les verres de vin, sans se soucier d'une quelconque étiquette. Ils riaient comme deux vieux amis, séparés par le temps et non pas par de tragiques événements. Ils riaient comme si la conversation qu'ils avaient eue n'avait jamais exité. Pourtant, une fois qu'ils seraient de nouveau sobres, tous deux s'en rappelleraient très bien. Et il faudrait alors du temps pour s'en remettre, pour lui comme pour elle.
Rowena avait repris son sérieux au moment où elle avait donné cette petite tape amicale à Artaban. Elle émit toutefois un léger soupir haché, marquant qu'elle ricanait sans bruit, tandis qu'elle commençait à reculer lentement son poing, tout en ouvrant sa main pour déplier les doigts. Elle l'aurait alors posée sur sa jambe, racontant une autre blague circulant en ville et qui l'avait fait bien rire le jour où elle l'avait entendue. Mais ses plans furent mis à mal par le prince qui, cessant également de rire, s'empara de son poignet pour plaquer sa paume contre son torse. La jeune femme se pencha légèrement en avant pour suivre le mouvement de son bras, mais elle ne broncha pas et soutint le regard de son hôte. Elle n'esquissa pas le moindre geste, même lorsqu'il s'approcha d'elle, s'avançant doucement sur sa chaise. Néanmoins, un frisson parcourut son dos quand la main libre du calormène se posa sur son menton. Elle ne lui rendit pas son sourire, restant impassible même si les battements de son coeur accéléraient vivement. Sa poitrine se soulevait plus rapidement à mesure que les lèvres d'Artaban s'approchaient des siennes.
Puis il manqua de tomber et se rattrapa en vitesse, évitant ainsi de s'écrouler avec un manque total de grâce. Rowena détourna son regard et se joignit à son rire stupide. Elle se sentait sans doute aussi bête que lui à cet instant. Elle fit tout ce qu'elle pouvait pour ne surtout pas le regarder dans les yeux et ne leva la tête vers lui que lorsqu'il lui tourna le dos pour aller contempler les fioles. La sorcière se félicita intérieurement d'avoir coloré certains petits poisons, leur donnant un aspect plus sympathique, et d'en avoir caché d'autres dans l'armoire de vaisselle, fermée à clé. Cependant, sa fierté fondit comme neige au soleil, puisque monsieur étant bien ivre, il réussit à perdre l'équilibre - une fois de plus, décidément l'alcool le rendait maladroit comme un bébé d'un an - et il se maintient aux étagères. Rowena écarquilla les yeux, premièrement parce qu'il faut bien le dire, il ne devait pas être léger comme une plume et les étagères n'étaient pas indestructibles, et deuxièmement parce qu'elle y avait laissé des prduits particulièrement dangereux. Elle avait préparé ses potions la veille, les avait mises en fioles le même jour et avait tout simplement oublié de les ranger dans la partie de sa grotte réservée à ce genre de substance.
Au début, elle pria Tash pour qu'il détourne Artaban de ce coin, mais puisqu'il agissait en vraie tête de mule, elle pria pour qu'il n'en laisse tomber aucune. Elle avait mis des heures à les faire et ne tenait pas à recommencer.

Il se saisit d'une fiole contenant un poison noir d'encre, et il l'ouvrit, arrachant un faible grognement à Rowena qui entrouvrit sa bouche sur deux rangées de dents serrées les unes contre les autres. Elle remercia son dieu : au moins il n'avait pas ouvert la verte dont les vapeurs auraient pu le faire tomber dans la minute, raide comme un piquet et incapable du moindre mouvement durant plusieurs heures.
Elle leva les yeux. Evidemment que ça ne ressemblait pas à un remède. Il mentionna sa femme. Elle s'intéressait aux poisons aussi ? La calormène adressa un sourire totalement hypocrite à son amour de jeunesse. Elle lui assura qu'elle n'utilisait quasiment jamais les poisons elle-même, car ils alimentaient principalement son commerce. Parfois elle recevait des commandes de tueurs à gage qu'elle ne voyait pas cependant. C'était son gagne-pain.
Elle l'écouta distraitement parler de sa petite Archenlandaise, ne prenant pas garde aux poils qui se hérissaient sur son bras, comme ceux d'un chat en colère. L'alcool réveillait en elle un sentiment assez violent qu'elle tentait en général de faire taire : la jalousie. Alors comme ça elle s'était habituée aux coutumes calormènes ? Pauvre petite chérie, arrachée à son pays et olbigée d'épouser un homme presque inconnu. Et elle cachait des choses à son prince de mari en plus ? Et il la qualifiait de "meilleure femme qu'il aurait pu avoir" ! Quoi, elle méritait le prix de miss épouse parfaite ? Ou encore le prix de la femme exemplaire ? Rowena inspira profondément, désirant se calmer rapidement. Une partie d'elle-même était heureuse qu'Artaban ait trouvé une compagne, et qu'il soit apparemment content de sa vie. Mais l'autre partie, celle qui était restée quatorze ans en arrière aurait voulu hurler qu'il ne pouvait pas la remplacer comme ça, cette part là était terriblement jalouse. Toutefois, le peu de lucidité que la guérisseuse conservait encore lui disait qu'il n'était pas raisonnable d'avoir de telles pensées. Après tout, cela remontait à si loin qu'il était tout à fait normal que la vie ait continué pour eux deux. De toute façon, elle n'aurait pas pu l'épouser, même en étant restée à Tashbaan. Déjà qu'elle avait honte rien qu'en le voyant en cachette, si par un miracle il lui avait été permis de rester à ses côtés, elle aurait refusé, par peur.
Elle rit en son for intérieur en apprenant qu'en fait elle était la meilleure femme, parce qu'elle le laissait faire ce qu'il voulait. Il avait des critères bien faciles en la matière...

Comme il enchaînait et qu'elle en avait clairement assez de l'écouter louer sa petite noble Archenlandaise, elle hocha la tête, ne sachant même pas à quoi elle répondait par l'affirmatif. Puisqu'elle ne s'y attendait pas le moins du monde, elle eut un mouvement de recul après un sursaut en le voyant venir vers elle avec une dague. Elle eut le temps de se dire que le fait de boire autant mélangé à sa colère passée l'avait finalement décidé à la saigner, et qu'il avait un sourire déplacé pour la situation, avant qu'il ne lui tende la lame sortie de son foureau qu'elle trouvait trop extravagant. Elle prit délicatement l'arme dans ses mains et en experte des poisons, remarqua avant qu'il ne le dise qu'une substance couvrait la lame. Est-ce que le prince avait renoncé à tuer de lui-même pour opter pour le poison ? Voilà qui était plus que décevant.
Rowena fut donc rassurée qu'il ne soit pas mortel. C'était astucieux en fait : la personne ne mourait pas mais gardait un souvenir cuisant de sa prétendue "victime". Au moins il continuait à mettre fin de sa main aux jours de ceux qu'il combattait. Il éclata de rire et lui demanda comment elle faisait pour vivre ici.

Avec un sourire sage elle se leva lentement - en faisant très attention parce qu'il lui était déjà arrivé de s'écraser au sol comme une vulgaire bouse de chèvre en se mettant debout d'un bond - et fixa le jeune homme avec une lueur mystérieuse au fond des yeux, avant de lui prendre le fourreau et de le frôler pour aller poser le tout sur sa tunique. Elle poussa un soupir d'exaspération en la voyant roulée en boule. Son rire cristallin résonna dans la grotte après qu'elle ait jeté une serviette - propre - au visage du prince. Tout en riant, elle détendit le vêtement et le mit sur le dossier d'une autre chaise, non loin du feu.
Elle retourna vers la bouteille et son verre qu'elle vida en vitesse avant de se resservir. Son esprit s'embrouillait de plus en plus mais elle parvint à formuler une réponse assez claire. - C'est vrai que les coutumes de Calormen me manquent. Tout me manque en fait, sauf deux trois éléments évidents. Mais les Archenlandais sont plus niais, et je peux les arnaquer... plus facilement. Ils seraient à tout prêts pour... des soins etc. Et en forêt c'est pas si dur de vivre quand on s'habitue. Elle se remit à rire et posa son verre en fronçant les sourcils. - Attends, tu as quelque chose là. Elle s'avança et se mit face à lui après avoir contourné sa chaise. Un fil de la serviette s'était détaché et était resté au niveau de la tempe du calormène. L'exilée lui enleva lentement et le fixa, son visage assez proche du sien. Puis elle recula en se râclant la gorge.

Elle aurait donc dû faire un pas en arrière, retourner à sa chaise et finir la bouteille en riant comme une sombre idiote complètement soûle et la conversation aurait continué, ou se serait arrêtée avec le malaise de l'un des deux jeunes gens qui se trouvaient là. Mais puisqu'avec un peu trop de vin on arrive à oublier des détails normalement futiles, Rowena ne pensa plus du tout à la chaise qui était juste derrière elle. En toute logique elle aurait pu s'arrêter, se retourner, et faire un pas de côté. Cependant, le temps que l'information arrive à son cerveau, elle était déjà en train de tomber, agitant les bras telle un malheureux chat tentant en vain de nager. Alors dans la précipitation, voulant éviter la chute, elle agrippa les épaules d'Artaban - qui d'ailleurs ne devait pas comprendre ce qui se passait le pauvre - et s'y appuya. Normalement elle aurait dû se remettre bien droite sur ses pieds, demander pardon et éclater de rire pour masquer son trouble. Sauf qu'encore une fois tout ne se passa pas comme prévu, car son dos était trop courbé en avant, et il lui était impossible à ce moment de changer cela.
Résultat, elle tomba par terre dans un petit cri de frayeur, poussant la chaise qui s'effondra sur le côté sans les écraser, et entraîna son interlocuteur avec elle. Lui non plus ne s'étala pas de tout son poids sur elle et elle put respirer à son aise. Etant donné qu'elle avait fermé les yeux, elle les rouvrit en hésitant un peu pour se retrouver à à peine dix centimètres du visage d'Artaban. La jeune femme cligna des yeux plusieurs fois et déglutit avec peine, se demandant pourquoi diable elle n'avait pas fait plus attention. Finalement, mue par on ne sait trop quoi, elle posa ses mains de chaque côté de la tête du prince, la lui faisant légèrement incliner tandis qu'elle se redressait suffisamment pour déposer un baiser sur son front. Elle ne bougea qu'après une poignée de secondes pour le relâcher et laisser ses avant-bras sur son ventre, fixant le jeune homme de ses iris clairs.
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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptyMar 26 Aoû - 22:03




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Le prince continua de parler de sa femme et de ce qu'il se passait à la Cour, oubliant peu après ce qu'il venait de dire. Aussi ne se rendit-il pas compte qu'il répétait la même chose, de même qu'il ne voyait pas l'air d'exaspération de Rowena sans se douter de toute la rage qu'elle contenait en elle. Peut-être voulait-il simplement ne pas croire que sa petite Rowena, cette douce adolescente qu'il avait connu, maniait de tels poisons capables de tuer un homme en un instant. Mais au fond, il était assez fier. Fier parce que le poison était maîtrisé par bien des Calormènes, et qu'il voyait à quel point la jeune femme était forte et puissante pour y toucher, savoir les préparer et les reconnaître. C'est pour cela qu'il lui montra sa lame empoisonnée, lui expliquant rapidement comment il s'en servait. Il n'utilisait la dague qu'à l'étranger, quand il partait seul dans ce genre de coins. A Calormen, il était généralement entouré de gardes bien plus adeptes à tuer quiconque voudrait lui faire du mal. Artaban n'était pas un grand guerrier et ne le serait probablement jamais, il savait simplement se débrouiller dans le cas où un combat surviendrait. Aussi saurait-il se défendre dans le cas d'une attaque, mais n'aurait jamais le niveau suffisant pour combattre chaque guerrier de Calormen et être proclamé comme l'un des meilleurs manieurs d'armes de l'empire. Il ne recherchait pas la renommée et le simple titre de prince lui suffisait amplement.

Rowena rangea d'elle-même la dague et étendit la tunique du prince qui trainait, toujours humide, par terre. Finalement, elle lui expliqua à quoi servait les poisons - au commerce. En même temps, se dit-il, quel usage en ferait-elle ici ? Il ne connaissait pas toute sa vie et encore moins sa manière de vivre, mais il sentait qu'elle voulait simplement être tranquille et se faire de l'argent sans s'attirer trop d'ennuis. Elle finit par avouer que Calormen et ses coutumes lui manquaient, mais qu'elle s'était habituée à Archenland et ses habitants niais. Au moins étaient-ils sur la même longueur d'onde : les Archenlandais étaient parfois bien idiots et rêveurs. Mais leur roi et leurs seigneurs, eux, étaient plus dangereux, Artaban le savait bien pour les avoir fréquentés. C'est ainsi qu'il se rappela qu'il était censé dîner le soir-même avec le secrétaire du roi afin de parler de certaines conditions pour..quelque chose dont il ne souvenait pas. Il soupira en se disant que l'après-midi serait bien dure. Il ne dit malgré tout rien à Rowena, ne voulant pas retourner dans une réalité triste et ennuyante qu'elle ne comprendrait pas. Ils en étaient tous deux bien incapables à ce moment précis, étant donné la dose de vin qu'ils avaient ingéré. Il avait d'ailleurs eu bien du mal à saisir la serviette que la Calormène lui avait jeté pour qu'il finisse d'essuyer ses cheveux, qui étaient pratiquement secs. Il les arrangea un peu pour les lisser sur le côté, puis posa la serviette plus loin.

Rowena repéra visiblement quelque chose sur le visage du prince qu'elle voulut enlever. Il retint son souffle alors qu'elle se rapprochait de lui. Tant d'années plus tôt, c'était par un rapprochement semblable qu'il avait fini par l'embrasser, dans la taverne de son père. Mais cela n'avait plus d'importance, il s'agissait du passé. Il la vit s'éloigner, et détourna le regard en voyant que la bouteille de vin était pratiquement vide, songeant à la gourde de vin qui était toujours accrochée à la selle de sa jument. Mais il n'eut pas le temps de faire le moindre mouvement qu'il se retrouva soudain par terre, au dessus de Rowena. Il réussit à ne pas s'écraser sur elle comme un chameau, mais il eut le tournis pendant de longues secondes, ne sachant ce qu'il s'était passé. Il supposa que la jeune femme était tombée et avait voulu se rattraper à lui, l'entraînant également dans sa chute. Il finit par remarquer qu'elle était très, très près de lui. Il devait se relever, mais ne savait même pas s'il en était capable. L'alcool lui embrouillait de plus en plus les pensées et lui tournait la tête dès qu'il faisait le moindre mouvement. En général, il était dans ce genre d'état avec des amis, et ils passaient leurs soirées à rire. Mais là, aucun rire. Son souffle était coupé devant tant de proximité, et un frisson le parcourut quand Rowena posa ses mains sur son visage puis déposa ses lèvres sur son front. Il ne remarqua même pas qu'elle finit par le lâcher. Il ne savait quoi faire.

Les souvenirs revinrent. Ses yeux brillaient de la même manière qu'ils brillaient la première fois qu'il avait discuté avec Rowena, dans la taverne de son père. Ce soir-là, il avait décidé, après être allé à l'autre bout de la ville seul et en fin de soirée, de boire quelque chose avant de revenir au palais. Mais autre chose qu'un simple verre d'alcool l'attendait. La taverne fut rapidement vide et le prince se retrouva avec la jeune Calormène, avec qui il entama la discussion sur tout et n'importe quoi. Il se souvenait encore de sa réaction lorsqu'il avait révélé, sans vraiment y prêter attention, que son père était le Tisroc, et de l'hilarité dans laquelle il avait été plongé après. Un peu plus tard, il s'était retrouvé, comme à ce moment précis, très proche de Rowena, si proche qu'il avait fini par l'embrasser d'un baiser aussi tendre et sincère que possible. Artaban, partagé entre ces deux réalités, posa doucement une main sur la joue de la jeune femme, comme tant d'années auparavant. Il ne semblait même plus se rappeler de comment il avait atterri dans une telle position. « Tu te souviens de notre premier baiser ? Tu étais encore affolée en découvrant mon identité, et tu l'étais encore plus après ça. Tu te posais encore plus de questions que moi, et je tentais de te rassurer. Je te promettais de te protéger, alors même que je ne te connaissais que depuis quelques petites heures. Finalement, tu m'as longuement regardé et tu as...pris ma main, puis tu m'as emmené dans ta chambre. »

Ces paroles pouvaient paraître bien jolies, surtout sorties de la bouche d'un prince qui avait reçu une éducation en rhétorique et qui parlait de quelque chose d'aussi personnel. Néanmoins, le vin rendait ses mots mâchés, parfois à peine soufflés, ponctués d'hésitations, qui donnait un tout incompréhensible pour quelqu'un qui ne savait pas de quoi il parlait. Ne s'en rendant pas compte, il lâcha le visage de Rowena pour glisser sa main dans la sienne, entrecroisant leurs doigts dans une forte étreinte. Il lui semblait qu'il était à nouveau jeunes, que la réalité autour d'eux n'avait pas d'emprise sur leur aventure. Leurs visages se rapprochèrent. D'un coup d'oeil vers le bas, Artaban pouvait aisément observer la poitrine de la Calormène, mais fut seulement obnubilé par ses lèvres qu'il désirait tant. Il en eut rapidement le souffle coupé et sentait sa résistance faillir. Mais cette même réalité revint le frapper de plein fouet lorsqu'il songea à sa femme et à son fils. Ils n'étaient plus jeunes. Ils étaient adultes. Ils avaient vieilli. Avec un soupir, le prince se pencha lentement et déposa doucement ses lèvres sur la joue de Rowena, lâchant en même temps sa main. N'ayant pas la capacité de se relever tout de suite, il se débrouilla pour retomber sur le côté dans un bruit sourd. « Des souvenirs...qui doivent rester des souvenirs. Je suis désolé Rowena. Pour tout. » L'alcool qui le rendait joyeux quelques minutes auparavant lui donnait à présent une mine triste.

Il réussit - sans savoir comment - à se relever sans trop perdre l'équilibre et tendit une main à la Calormène afin de l'aider comme il pouvait. Il se dirigea ensuite, sans un mot, vers la sortie. Il ne pensa pas tout de suite que Rowena pouvait croire qu'il partait ; il vit surtout que la pluie s'était arrêtée, et que sa monture s'était couchée au sol en attendant qu'il se décide à partir. Il caressa la tête de l'animal avant de prendre la gourde de vin accrochée dans la selle. Il revint vers Rowena en buvant une gorgée, puis lui tendit la gourde avec un léger sourire. Il se dirigea ensuite vers la chaise sur laquelle était posée sa tunique, qu'il remit malgré le tissu encore humide. Il eut un petit frisson et s'approcha du feu pour se réchauffer, renversant sans le vouloir une autre fiole vide qui, heureusement, ne se cassa pas. Après un silence, il finit par se rappeler vaguement de leur précédente discussion, celle où ils riaient encore. Il lui semblait qu'elle lui racontait une blague, ou quelque chose de ce genre. Pour revenir sur le sujet, il glissa une situation hilarante à laquelle il avait assisté à Tashbaan, où un homme complètement soûl avait dévalé les rues en cassant tout sur son passage tant il était agité et euphorique. Artaban ne se rendait pas vraiment compte de à quel son récit était ironique, étant donné que tous deux étaient eux-même bien soûls. Il espérait ainsi que sa petite divagation soit oubliée et qu'ils repartent sur de bonnes bases. Il n'avait pas vraiment envie de repartir triste ou mécontent au château d'Anvard, surtout qu'il risquait de ne pas être en très bon état devant tous ces seigneurs qui l'attendaient.


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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptyMer 27 Aoû - 21:11


Artaban ▽ Rowena


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Elle n'aurait su dire combien de temps passa à partir du moment où elle l'avait regardé dans les yeux. Il lui sembla qu'une éternité s'écoula tant le silence l'oppressait en cet instant. Elle ne savait pas s'il présageait quelque chose de rassurant ou bien au contraire quelque chose de stressant, frustrant. Elle le contempla si longtemps qu'elle finit par se perdre dans l'immensité foncée de ses prunelles, retournant dans le passé. Là encore elle n'aurait pu dire si cela lui procurait une sensation d'aise ou si elle s'y noyait en raison d'émotions trop fortes. Rowena frissonna au contact de sa main sur sa joue froide, alors qu'elle commençait à avoir chaud à l'intérieur. Les paroles du prince, bien que coupées par de nombreuses hésitations et souvent murmurées, réveillèrent en elle tant de souvenirs qu'elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Pas seulement de tristesse, elle aait exprimé une certaine joie en cette année où elle avait dix-sept ans. Trop d'émotions se bousculaient dans sa tête, et l'alcool ne l'aidait pas à y mettre de l'ordre. Ca aurait tout aussi bien pu lui causer une migraine, mais elle se contentait de fixer Artaban, inlassablement, se demandant se qu'elle ressentait réellement sur le moment. Et elle se rendit vite compte qu'elle était impossible de faire sortir un mot du lot.
Si elle se souvenait de leur premier baiser ? C'était son tout premier baiser en plus. Et elle avait remercié Tash que ce ne soit pas avec la brute du coin ou l'ivrogne de la taverne. Quoi qu'elle aurait préféré que ce soit avec un homme plus... simple. Ca lui aurait sûrement évité un tas de problèmes. Et bien sûr qu'elle s'était affolée, s'était posée plus de questions. Il fallait bien que quelqu'un agisse normalement dans ce duo, et puisque lui était un peu éméché, c'est elle qui avait dû être la tête pensante. Toutefois ça n'avait rien changé au fait qu'il avait su la rassurer un minimum. Juste le nécessaire pour qu'elle fasse ce qui allait être une expérience tantôt horrible tantôt merveilleuse. Elle se souvenait encore de cette chambre assez petite dans laquelle elle avait eu droit on ne sait trop pourquoi à un lit double. La jeune fille qu'elle était alors était effrayée, mais même s'il avait bu Artaban s'était montré d'une extrême douceur.

L'esprit embrouillé de la guérisseuse était incapable de réfléchir, mais l'intuition de la jeune femme lui criait que quelque chose n'allait pas. Ses yeux clairs allaient d'un oeil à l'autre. Elle sentait dans l'atmosphère de la grotte comme un malaise. Son coeur battait trop vite et trop fort pour qu'il n'y ait rien. Elle avait toujours les yeux humides et elle sut instinctivement ce qu'il allait dire après. Elle compris rien qu'en voyant son regard. Même s'il semblait focalisé sur ses lèvres. Même si leurs mains étaient jointes et leurs doigts entremêlés. Sa gorge se serra tandis qu'elle fixait le plafond de son domicile, et elle ferma ses paupières lorsque le calormène déposa un baiser sur sa joue.
Avec un grand effort, elle ravala un sanglot. Des souvenirs... Comment osait-il qualifier ces évènements de souvenirs, alors qu'ils avaient failli lui coûter la vie. Lui n'en avait pas souffert physiquement. Il avait certainement continué à vivre pendant qu'elle vomissait et prenait du poids sans rien manger. Il n'avait même pas remarqué alors qu'elle avait dû courir au cabinet pendant qu'ils étaient ensemble.
Elle ne bougea pas d'un pouce, ne le regardant même pas quand il se laissa rouler sur le côté, s'écrasant comme ces vieux qui viennent de faire du sport avec leur compagne... Rowena fixait un point dans le vide, si bien qu'elle se releva finalement d'elle-même, prenant appui sur le sol car elle n'avait pas vu que le prince voulait l'aider. Elle resta debout, droite, sans ciller. Puis il se dirigea vers l'entrée, manquant d'arracher un hoquet de surprise à la sorcière. Heureusement elle se contint et écarquilla simplement les yeux, prête à hurler et jeter des objets au sol dès qu'il serait loin. Finalement il apparut de nouveau devant elle. Pourtant aucun soupire de soulagement ne sortit de sa bouche. Elle l'observait approcher et ne répondit jamais à ce sourire. L'exilée lui avait d'ailleurs lancé un regard si noir qu'il fut bien tombé qu'il ne l'ait pas vue à ce moment là.

Rowena but plusieurs gorgée et trouva même le vin un peu plus fort que ce à quoi elle était habituée. Elle le regarda se rhabiller et écouta d'une oreille distraite son histoire manifestement comique puisqu'il lui sembla qu'il riait. Mais aucun petit raicanement ne se fit entendre du côté de la calormène. Une lueur sombre brillait toujours dans ses prunelles. Elle était énervée contre Artaban, et pourtant elle gardait un calme surprenant. Ce qui la rendit d'autant plus effrayante lorsque sa voix perça le silence qu'elle avait laissé planer. Au début elle fixa le vide, et petit à petit ses yeux remontèrent vers le fils du Tisroc. Des souvenirs. Pour toi je ne suis qu'un souvenir. Combien de temps t'a-t-il fallu pour à demi m'oublier ? Combien de temps as-tu espéré me revoir ? As-tu seulement caressé cet espoir ? Ou t'en fichais-tu royalement. As-tu cherché à savoir où j'étais ? A ce moment précis, elle le foudroya du regard, toujours aussi calme alors que ses yeux trahissaient sa colère. En temps normal elle n'aurait sûrement pas réagi ainsi. Mais elle était ivre et ses émotions avaient un lourd impact sur elle, en plus d'être plus intenses. Elle se rapprocha de lui et le fit s'asseoir sur une chaise avant de s'appuyer sur les accoudoirs et de se pencher vers lui, à distance respectable toutefois. Tu n'as jamais remarqué que j'étais enceinte à l'époque. Alors que je devais souvent aller vomir. Que je grossissais. Et tu es désolé pour quoi ? Pour m'avoir engrossée ? Pour m'avoir aimée ? Parce que je t'ai aimé ? Parce que j'ai fui Calormen ? Rowena s'éloigna, lui tournant le dos. Puis elle se retourna, sa poitrine se soulevant plus visiblement à cause de sa forte respiration. Elle éleva légèrement la voix, une larme, puis une deuxième s'écrasant au sol. Et c'était plus de la rage que de la tristesse cette fois.Désolé pour quoi ? C'est moi qui devrais être désolée. Désolée d'avoir pu imaginer qu'un homme de ton rang puisse aimer une fille comme moi. Je n'étais qu'une aventure n'est-ce pas ? Tu as raison, je dois rester un souvenir. Pardon de t'avoir fait perdre ton temps, de t'avoir énervé, de t'avoir détourné du droit chemin il y a quatorze ans. La jeune femme s'adossa à la paroi de la grotte, deux petits sillons ayant marqué ses joues. Au moins avait-elle réussi à s'arrêter à deux larmes. Lui faisant signe de se taire, elle but encore une gorgée du vin de la gourde et la lui tendit, lui intimant de la finir de suite. Et elle retourna contre le mur - qui était à trois pas de la chaise - ls bras croisés sur son ventre. Désolée d'éprouver quelques sentiments à ton égard.
Son regard se fit moins dur, moins sombre, plus doux. Ses lèvres ne se touchaient pas au centre et elle arborait un visage plus serein, plus innocent. Oh certes elle ne l'aimait plus d'un amour fou. Mais il restait dans son coeur des fragments de ce qu'elle avait ressenti pour lui. Le reste, elle avait tout fait pour l'enterrer, car elle se persuadait qu'elle ne le reverrait plus jamais. Cependant il était le premier et le seul qu'elle ait aimé, alors forcément, ça restait dur à oublier. C'était plus qu'elle en pinçait très très légèrement pour lui qu'autre chose. Et encore une fois ce n'était qu'à moitié.
Rowena remarqua alors une fiole tombée par terre et s'empressa d'aller la ranger avant de remettre la malheureuse chaise sur ses quatre pattes. Elle resta quelques secondes sans bouger et alla se tenir devant Artaban, le regardant le plus tendrement possible après avoir clairement eu envie de le tuer par le simple contact des yeux sur sa peau. Lentement, elle glissa sa main dans la sienne, soupirant en même temps avec lassitude, dégageant de ce fait une forte odeur de vin.
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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptyJeu 28 Aoû - 14:06




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Son histoire fut suivi d'un tel silence qu'Artaban se tourna vers la Calormène, surpris. Il sentait la tension dans l'air peser autour de lui, et sut que Rowena n'avait clairement pas envie d'oublier ce qu'il venait juste de se passer. Il finit par parler, d'un ton absolument glacial qui lui donna des frissons pendant quelques secondes. Il voyait très bien à ses yeux qu'elle n'en avait pas fini avec lui, aussi ne dit-il rien. Elle le força à s'assoir sur la chaise, s'appuyant à côté de lui. Le regard presque innocent et troublé d'Artaban devint rapidement perplexe, puis énervé. Comment osait-elle lui reprocher toutes ces choses, et le faire culpabiliser de surcroît ?! Elle continua, parlant de sa grossesse qu'il aurait dû remarquer, puis revint sur ses piteuses excuses, précisant qu'ils n'auraient jamais dû être ensemble. Toujours le même discours. Si Rowena était restée à Tashbaan, elle lui aurait probablement tenu les mêmes propos. Il la regarda faire des aller-retours entre lui et la paroi de la grotte, le forçant même à boire encore. Il prit une gorgée, furieux, ne faisant même pas attention aux larmes qui coulaient des yeux de Rowena. Qu'espérait-elle par ces paroles ? Qu'il se répande en excuses ? Qu'il se taise et qu'il parte, pour ne plus jamais la revoir ? Il referma la gourde et la posa par terre d'un geste d'humeur, sans bouger de sa chaise. C'est là que la Calormène changea soudain de comportement, le tout en parlant de sentiments. Puis elle se déplaça ; il ne la vit pas, son regard étant fixé dans le vide tandis que la colère bouillonnait en lui peu à peu. Elle finit par revenir devant lui et lui prit même la main.  

Il n'en fallait pas plus à Artaban pour se mettre à rire, après quelques instants de silence. Oh, il ne se moquait pas, pas du tout. C'était la situation qui le rendait ainsi - et l'alcool avait sûrement un beau rôle à jouer également. Sans lâcher sa main, il se releva et fit face à Rowena, un sourire aux lèvres mais le regard sombre. Il aurait préféré qu'elle fusse encore en colère afin de pouvoir hurler comme bon lui semblait, au lieu de devoir lui répondre sur le même ton alors qu'elle tentait de la regarder avec douceur et tendresse. Ce brusque changement le perturbait et le perdait, mais il ne renonça pas à sa rage. Il s'efforça de rester calme, de ne pas crier ni de faire un quelconque acte de violence - ce qui lui demanda un très grand effort. « Est-ce que tu sais pourquoi je suis là ? En Archenland ? Parce que j'agis en tant qu'ambassadeur du Tisroc - puisse-t-il vivre pour toujours - afin de maintenir la paix et d'améliorer les relations entre nos royaumes. Pour que nos deux peuples profitent des avantages de cette alliance. Et quand je ne suis pas ambassadeur, je suis prince, second dans l'ordre de succession au trône. Un jour, j'ai des risques de devenir Tisroc, alors que je n'ai jamais demandé à être dans une telle position ; mais je le ferais si je n'avais pas le choix. Ces risques, je les ai depuis que mon frère Esteram est mort - je ne suis même pas sûr que tu en aies entendu parler ici. Tash sait à quel point j'aimais mon frère, mais je ne me suis pas arrêtée à sa mort ; il ne reste qu'un souvenir. »

Il marqua une longue pause, sans remarquer que sa main serrait assez fort celle de Rowena. Le discours pouvait paraître complètement hors-sujet et surtout pathétique, mais il n'avait pas encore terminé. « J'ai passé des semaines à te chercher dans la capitale, à envoyer des hommes à ta recherche dans tout l'empire. Ils ont même fouillé le désert au cas où on t'ait enlevé. J'avais supposé que tu étais peut-être dans les royaumes du Nord, mais après ces longues semaines, j'ai perdu espoir. J'ai fini par penser que tu étais morte. Que voulais-tu que je fasse ? Que je passe ma vie à poursuivre ton fantôme, à penser sans cesse à nos moments ensemble ? Tu n'as même pas pensé au choc que ça m'a fait de te revoir. Alors vas-y, tu n'as qu'à m'en vouloir parce qu'après toutes ces années, tu es restée dans mes souvenirs comme la fille que j'ai aimé et qui m'a brisé le cœur. » Il aurait voulu encore argumenter sur le fait qu'il n'aurait pas pu savoir qu'elle était enceinte, qu'il n'était pas médecin, qu'elle-même n'avait pas été au courant et surtout ne lui en avait pas parlé. Il aurait pu lui répéter encore et encore qu'elle ne pensait qu'à sa propre souffrance alors qu'elle l'avait abandonné. Il aurait pu, comme elle l'avait dit, préciser qu'il était un prince de Calormen et qu'il n'aurait jamais dû être avec elle. Il aurait pu aussi s'excuser ironiquement d'avoir avancé, d'avoir vécu, de s'être marié et d'avoir un fils qui n'était pas celui qu'il aurait du avoir avec Rowena.

La colère rendait cette fois ses mains tremblantes. Il finit par reprendre son vin et en but une longue gorgée. La boisson le calma un peu, embrouillant un peu plus son esprit. A présent, il entendait en écho la voix de la jeune femme. Désolée d'éprouver quelques sentiments à ton égard. Elle ne parlait pas du passé, comme il l'avait craint. Finalement, il reposa le vin et prit l'autre main de Rowena dans la sienne. Il restait énervé et tremblant, si bien que sa voix était toujours aussi froide malgré ses efforts. « Et je dois rester un souvenir pour toi. Ou plutôt moi à vingt-deux ans. Tu as le droit de ne pas oublier. Tu as le droit de te rappeler de notre relation et de ta souffrance. Mais fais-en un souvenir. Ne vis pas dans le passé. Avance et vis. Trouve quelqu'un qui te rendra plus heureuse que je n'ai pu le faire. Trouve quelqu'un qui ne te fera pas souffrir et qui ne te causera pas de problèmes. Tu le mérites. » Le tout prononcé de la même manière qu'il donnerait un ordre à l'un de ses hommes. Non pas qu'il considérait Rowena comme telle - même si, après tout, il restait son prince - mais parce qu'elle devait faire ce qu'il lui disait. « Il vaudrait mieux que je parte. On m'attend au château et je n'ose pas imaginer la réaction de mon père si je faillis à la tâche qu'il m'a donné. »

Le prince soupira et lâcha doucement les mains de Rowena. Il ne se sentait absolument pas en état de revenir ainsi au château, si encore il réussit à l'atteindre. Il n'osait pas de demander comment les courtisans le regarderaient s'il débarquait ainsi, ivre à mort, ne marchant pas droit, ne se comportant absolument pas en prince de Calormen. C'est là toute sa dignité qui volerait en éclats. Mais il ne pouvait pas rester ici. Il avait fait une belle erreur en suivant Rowena dans son habitat, et encore plus de boire autant. Pour s'en convaincre davantage, il se retourna et marcha un peu dans la grotte, sans but, sentant parfaitement qu'il avait du mal à marcher droit et avec détermination. « Dis-moi que tu as un remède contre l'alcool... Ça me serait très utile. » ajouta-t-il soudain en se frottant les yeux. Oh, peut-être que la Calormène n'en avait pas fini et s'énerverait à nouveau devant ces paroles qu'il lui avait balancé sans la moindre pitié, puis devant ces mots de départ qui n'avaient plus aucun rapport, comme si rien n'avait été dit. Il fuyait le sujet à présent. Ils avaient bu pour mieux digérer leurs retrouvailles et les souvenirs déterrés, et pourtant, c'était encore pire maintenant. « Écoute, je...je n'aurais pas du tout te revoir. Je n'aurais pas du te crier dessus comme ça. Et je ne devrais pas t'abandonner encore une fois, et faire comme si rien ne s'était passé. Mais je ne peux pas avoir cette discussion avec toi. C'est trop...compliqué. J'ai besoin de temps, j'ai besoin d'y réfléchir, et toi aussi. »

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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptyDim 31 Aoû - 17:11


Artaban ▽ Rowena


I have died everyday waiting for you. Darling don't be afraid, I have loved you for a thousand years, I'll love you for a thousand more.
Elle ne comprit pas tout d'abord pourquoi il se mettait à rire. La situation était certes étrange, voire même folle. Mais de là à avoir ce genre de réaction. Voulait-il masquer un trouble ? Est-ce qu'il se moquait d'elle ? Etait-ce là un rire mauvais qui ne présageait rien de bon ? Rowena n'eut jamais de réponse à ses questions, du moins on ne lui en donna pas, mais elle sut on contemplant son regard que c'était plutôt la troisième option. D'autant plus qu'avec tout ce vin il devait être bien arrangé. La jeune femme sut qu'elle n'aurait pas dû dire tout ça, mais comme trop souvent elle ne réfléchissait pas et sortait tout ce qui lui passait par la tête, peu importe ce qui pourrait en découler.
Quand Artaban se leva, une lueur de peur passa en un éclair dans les yeux clairs de la guérisseuse. Elle revoyait presque les monstres de ses cauchemars d'enfant, ou tout simplement son père qui voulait la punir pour avoir mal fait quelque chose. Le pire fut bien sûr ce petit sourire qu'elle aurait pu décrire comme étant sadique si ça avait été le genre de prince. Cependant, il ne lui semblait pas qu'il l'était, aussi préféra-t-elle ne pas imaginer pourquoi il souriait ainsi. Son regard était trop sombre pour qu'il se montre compatissant. Méfiante, elle fit un pas en arrière en même temps qu'il se leva. Si encore une fois elle avait pensé à tout elle aurait lâché sa main. Elle ne le fit pas, trop obnubilée par le bras libre du calormène qui pourrait toujours s'abattre sur sa joue. Oui, elle craignait qu'énervé, ivre, il lève la main sur elle. De plus, s'il la frappait, elle saignerait certainement, après être tombée par terre à cause de la violence.

Il commença à parler de la raison de sa venue au royaume. Ambassadeur ? C'était intéressant pour lui qui aimait voyager, même si Rowena ne voyait pas vraiment le rapport avec son propre monologue. Elle savait bien qu'il avait des chances - ou des risques selon le point de vue - de prendre la place de son père, de son frère. Elle savait qu'il n'en voulait pas, de ce trône, de ces obligations. Mais qu'y pouvait-elle ? Quant à la mort de son frère, elle n'osa pas prendre la parole mais il avait raison, jamais elle n'en avait entendu parler. On ne mentionne pas la mort des enfants d'un roi du Sud au Nord. Lorsqu'il s'agit du chef, c'est plus important. Tous les crieurs de la ville s'empressent de le raconter. Tout le monde sait que le décès d'un meneur provoque un certain trouble dans son pays. Ce qui est propice aux invasions. Néanmoins à Calormen, le Tisroc - puisse-t-il vivre pour toujours - ne semblait pas décidé à arrêter son règne. On disait aussi son fils aîné très robuste. Un jour il aurait un fils et Artaban passerait en troisième dans l'ordre de succession. Alors à quoi bon s'inquiéter ? Il n'était pas prêt de devoir préparer son couronnement.
Puis il ajouta que son autre frère n'était plus qu'un souvenir. Encore une fois Rowena eut envie d'émettre son avis mais elle se retint. Il était trop en colère pour que le débat soit relancé. A vrai dire, même si elle avait eu le courage de s'opposer à son idée, elle aurait été stoppée par une petite douleur. En effet, le jeune homme serrait la main de la calormène, lui arrachant un petit froncement de sourcil. Elle s'inquiéta pendant un instant du sort de ses os avant de remarquer que la pression se stabilisait. L'émotion sans doute ? Toutefois, elle ne comprenait toujours pas où il voulait en venir. C'était bien beau tout ça, mais ça n'avait aucun rapport...

Finalement, il en vint aux faits. Rowena regretta amèrement ses mots. Elle s'en était douté. Son égoïsme lui avait fait pensé qu'il l'avait cherchée. Et pour une fois il avait eu raison. Bien sûr qu'il avait cherché. Bien sûr qu'il avait abandonné. A quoi s'attendait-elle ? Son orgueil encore et toujours.
Elle baissa les yeux, évitant de croiser son regard. Elle voulut également retirer sa main. Malgré ses discrets efforts, il la tenait trop fermement pour qu'elle s'en échappe. Elle écarquilla légèrement les yeux tandis qu'elle fixait ses pieds. Jamais elle n'avait songé au mal qu'elle avait pu lui faire. En fait, elle s'était toujours répété que c'était mieux ainsi, qu'il l'oublierait, qu'il se soûlerait tous les soirs jusqu'à ne plus y penser. Et il ne lui était jamais venu à l'esprit qu'il avait pu en souffrir. Brisé le coeur. Ces quelques syllabes raisonnèrent dans sa tête, éclipsant les précédentes qui auraient pourtant été bien plus belles à ses oreilles. Décidément, être égoïste n'avait pas beaucoup de points positifs. Voire pas du tout à dire vrai...
La guérisseuse ne bougea pas d'un millimètre. Pourtant, elle tressaillit un peu en sentant que le bras d'Artaban bougeait. Pas assez vite pour la taper. Il reprenait seulement du vin. Besoin d'un calmant ? Elle en avait en poudre. Elle pourrait toujours lui en donner et en prendre aussi. Ca ne pourrait leur faire que du bien.
Pendant qu'il buvait, Rowena avait serré le poing. Aussi tenta d'elle de résister dès que les doigts du prince se posèrent sur sa main. Mais elle ne voulait pas le vexer et le laissa faire, gardant la tête basse. Ce n'était pas le moment de le regarder dans les yeux. A la première phrase, elle lâcha un petit soupir. Allez savoir pourquoi mais elle se doutait qu'il allait aborder ce sujet. Il s'était peut-être demandé ce qu'elle fichait dans une grotte au lieu de s'occuper des enfants qu'elle avait donné à son mari. Eh bien... elle n'avait jamais cherché à épouser quelqu'un ici. Un archenlandais ? Non merci. Elle préférait attendre de trouver un gentil calormène qui lui permettrait en même temps de rentrer dans son royaume bien aimé. Elle n'aimait pas assez les coutumes de ce pays pour laisser les êtres qui seraient les plus chers à ses yeux s'en imprégner. Calormène elle était, calormène elle redeviendrait. Elle ne fit aucun commentaire sur ces propos qu'elle savait plein de bon sens. Il avait raison. C'était juste sa fierté qui l'empêchait de le reconnaître, la plupart du temps. Elle n'écouta même pas ses dernières paroles. S'il avait dit qu'il aimait les carottes elle ne pourrait jamais le prouver.

Il était temps qu'il la lâche car son cou la faisait horriblement souffrir. Elle releva la tête et étouffa un petit rire en le voyant marcher de travers comme un bébé. Il lui demanda - peut-être avec désespoir et ironie - si elle avait quelque chose qui pourrait l'aider. Pour qui la prenait-il ? Par Tash, c'était si facile de contourner les problèmes d'alcools. C'était un peu long, certes, mais c'était efficace.
Elle allait justement se diriger vers son plan de travail quand elle s'arrêta net pour se retourner vers lui. Elle marcha jusqu'à être assez proche et posa sa main droite sur la joue droite du prince pour tourner sa tête vers elle, lui adressant un sourire mi-rassurant mi-triste. Je crois que nous en avons fini avec cette histoire Artaban. Tout est dit. Tout est connu. Ce qui est fait est fait, même si j'aurais toujours quelques regrets. Et j'écouterais vos conseils quant à ma vie future, mon prince. Elle rit en silence, souriant avec plus de joie. Ce n'était nullement pour se moquer de lui, mais pour dissiper le malaise.
Posant ensuite ses mains sur ses hanches, elle prit un air faussement indigné. Je suis la sorcière d'Archenland ! Si je ne peux même pas m'assurer un joli visage après avoir bu deux bouteilles de vin, je ne mérite pas mon titre. Eclatant de rire, elle retourna vers ses pots, ses cuisses de grenouilles et diverses plantes. Je suis désolée, c'est un peu long à préparer. Mais ça aura déjà bien agi quand tu seras au château. Je te conseillerai juste de rester ici cinq minutes après avoir bu la potion. Je te préviens, ça n'a pas très bon goût mais il faut tout boire. Ce n'était pas un piège. C'était la stricte vérité. S'il voulait être en pleine possession de ses moyens, il ferait mieux de suivre ses instructions à la lettre. Après, il était le prince, il faisait ce qu'il voulait.

Rowena fit donc chauffer de l'eau au-dessus du feu, broya des feuilles, mélangea de la sève à un liquide non-identifié. De temps en temps elle jetait un coup d'oeil à Artaban, priant pour qu'il ne soit pas effrayé. Elle le rassurait d'ailleurs. Si elle avait voulu le tuer avec du poison, elle aurait utilisé la dague qu'il lui avait si gentiment prêtée.
Quelques minutes plus tard, l'eau fut à bonne température et elle mis toute sa préparation dans un pot allongé qu'elle secoua avec entrain. Remuant au passage tout son corps. Et le remède était prêt. D'apparence hideuse. Mais prêt. Elle le versa dans deux verres et alla en donner un à son hôte, trinquant avec lui. Le contenu avait un aspect visqueux peu appétissant. Néanmoins il fallait le boire. Et le plus serait le mieux, ça fonctionnerait davantage.
La jeune femme vida son verre avant de grimacer. Répugnant, vraiment. Elle le posa sur sa table. Je ne veux pas te fâcher mais... pourquoi dis-tu être désolé ? Je sais que j'ai dit que le sujet était clos. Enfin, tu sais à quel point je suis trop curieuse, trop fière, égoïste. Et au fait. Que deviens mon père ? Non pas qu'il me manque hein. Elle lissa un pli sur sa robe et fit de même avec la tunique d'Artaban, au niveau de l'épaule. Il fallait qu'il soit impeccable pour se rendre à Anvard. Et puisque son vêtement était encore mouillé, elle le prit au niveau des bras et l'installa devant le feu qu'elle attisa. 
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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptySam 25 Oct - 23:01




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Rowena & Artaban

Regrets, encore des regrets, toujours des regrets. Souvent parce qu'il avait parlé sans réfléchir, parce qu'il avait réagi impulsivement, parce qu'il avait trop bu, parce qu'il avait brisé des promesses involontairement ou non. Il lui semblait aujourd'hui qu'il cumulait tout. Il se retrouvait complètement soûl alors qu'il se devait de jouer son rôle de prince et d'ambassadeur quelques heures plus tard. Il s'était laissé emporté par la colère et s'était énervé contre une femme qu'il aurait dû accueillir avec bonheur tout en la rassurant. Tout devait être contrôlé et préparé dans sa vie, et pourtant, même à trente-six ans, Artaban n'arrivait toujours pas à rester dans son rôle. On aurait pu dire qu'il n'avait pas à être ainsi dans sa vie privée, aussi loin de son royaume ; pourtant les deux modes de vie étaient fortement liés et il était souvent bien dur de passer de l'un à l'autre. Le jeune prince s'efforçait à présent de rester calme, aussi diplomatique que s'il se trouvait en face du roi de Narnia ; bien sûr, l'alcool n'aidait pas, aussi se raisonna-t-il à poser la bouteille de vin et à marcher un peu en espérant que tout passe plus vite. Il se dit aussi qu'il restait préférable de ne plus aborder le sujet du passé entre Rowena et lui, la conversation étant bien trop dure à supporter pour les deux calormènes. La jeune femme elle-même conclut cette discussion avec un sourire, après avoir posé la main sur sa joue. Il inclina la tête en guise de réponse et sourit à son tour.

Le malaise n'était pas vraiment dissipé mais la tension finirait par disparaître petit à petit. Elle le lâcha et répondit à sa requête concernant l'alcool. Entrant dans son jeu, Artaban prit un air innocent et désolé avant de rire. « Toutes mes excuses, je ne doutais pas de vos compétences peu connues d'un simple être comme moi. » glissa-t-il en s'inclinant comme il put. Habitué à ce genre de courbette, il réussit à ne pas tomber, même sa tête tournait encore un peu. Après ceci, il acquiesça lorsqu'elle lui donna quelques conseils et avertissements au sujet de la potion qu'elle fabriquait. Il se doutait bien qu'un remède contre quelque chose qui rendait bien mal pendant plusieurs heures ne devait pas avoir bon goût, ce serait bien trop facile. Il se contenta de l'observer, à la fois admiratif et inquiet devant ses gestes. Il s'apprêta à lui poser presque timidement une question, lorsqu'elle sembla mettre dans un verre son remède et le lui tendit. Il grimaça devant l'aspect de la potion mais trinqua avec Rowena et but en même temps qu'elle, manquant de tout recracher sur le champ. Même les remèdes les plus horribles que les médecins de Tashbaan avaient pu lui proposer lorsqu'il tombait malade n'avaient pas ce goût aussi infect, ce qui lui permit rapidement de relativiser. Désormais, il ne se plaindrait plus de tous ces remèdes ou des plats étrangers qu'il n'avait jamais apprécié.

Rowena reprit la parole et, malgré elle, revint sur leur conversation - en partie. Il n'avait pas vraiment envie de repasser par là, aussi préféra-t-il garder sa réponse pour plus tard. Il était normal qu'elle veuille des nouvelles de son cher père, le prince s'était d'ailleurs étonné qu'elle n'en ai pas parlé auparavant. Pourtant il n'avait pas grand chose à lui dire. Malgré son rang, il ne connaissait pas la vie de chaque personne de son royaume, même celles qu'il croisait parfois et qui avaient une certaine réputation dans la capitale. Avant cela, il laissa Rowena l'amener devant le feu, comprenant un peu tard qu'elle faisait ça pour que sa tunique, toujours humide, sèche plus vite avant qu'il ne rentre au château d'Anvard. Le genre de détail auquel il n'aurait pas pensé, et qui aurait pu le rendre malade. Il lui adressa un sourire en guise de remerciement puis reprit la parole. « Il me semble que les affaires de ton père sont toujours prospères et qu'il bénéficie d'une large réputation au sein de la capitale. Les choses n'ont pas tant changé pour lui depuis ton...départ, sinon qu'elles sont mieux que jamais. » Pendant plusieurs années, Artaban avait évité la taverne de Belisar Merrin, non seulement parce qu'il croyait toujours que Rowena était morte, mais aussi parce qu'il n'était pas bon qu'on voit le prince dans l'établissement dirigé par un tel homme, entouré par des rumeurs toutes aussi infâmes les unes que les autres. Pourtant, rien n'avait jamais pu être reproché à cet homme, et l'on savait seulement avec certitude qu'il faisait de très bonnes affaires dans sa taverne qui, la nuit, accueillait bien d'autres activités.

C'était tellement étrange de penser à toutes ces années qui étaient passées. Tous ces souvenirs rappelaient à Artaban qu'il vieillissait - bien que trente six ans ne soit pas un âge très avancé encore -, de même que le monde autour de lui. Rowena elle-même n'avait pas échappé à la règle et ne ressemblait plus à la jeune fille de dix-sept ans qu'il avait connu. Ils étaient adultes, ils avaient construit leur propre vie, et ne ressemblaient plus à ce qu'ils étaient auparavant. Jamais il n'aurait deviné que la Calormène deviendrait ainsi, se déguisant derrière une apparence qu'elle qualifiait elle-même de sorcière - il était vrai qu'il avait entendu de telles rumeurs, aussi était-il étonné de connaître la vérité. « Je suis désolé pour tout ce que tu as subi par ma faute. Je sais ce que tu vas me dire - que tu aurais fini par fuir ton père un jour ou l'autre, que tu aurais fait ta propre vie. Mais tu ne méritais pas de devoir porter l'enfant d'un prince qui n'aurait jamais pu assurer ton bonheur, ni de perdre cet enfant. Tu ne méritais pas de vivre dans ces conditions, au milieu de la haine et de la peur. J'espérais mieux pour toi. » Il aurait pu rajouter que tout ceci n'exprimait pas sa déception et espérait que Rowena le comprenne. Au fond, il était fier, ravi et surpris de la voir aussi forte et aussi belle. Elle savait se défendre, se débrouiller et manipuler n'importe qui pour sa survie. Une véritable Calormène qui savait se faire respecter.

Il sentit que le remède faisait peu à peu son effet lorsque ses pensées furent moins confuses et que sa tête tournait moins. Il regarda la jeune femme après un moment de silence, renonçant à se demander à quoi elle pouvait bien penser. Elle commençait elle aussi à reprendre ses esprits et son visage se fermait à nouveau, masquant ses émotions comme elle semblait le faire quotidiennement. « Comptes-tu revenir un jour à Calormen ? » Là aussi, il se contenta de poser la question, sans préciser à quel point il espérait qu'elle revienne effectivement, lui promettant de l'aider et de la protéger si besoin était. Dans tous les cas, elle n'avait pas besoin de lui, et peut-être valait-il mieux qu'ils ne se revoient jamais. Il ne savait pas vraiment quoi penser sur ce point-là. Comme il savait pertinemment qu'il devait retourner au château et s'éloigner un peu de Rowena pour réfléchir, pour digérer tout ce qu'il avait appris aujourd'hui, mais qu'en même temps, il ne voulait pas la quitter, pas une nouvelle fois. « Écoute, il va falloir que je m'en aille, de sympathiques affaires m'attendent auprès de je-ne-sais quel seigneur archenlandais. Merci pour le...le remède, j'ai bien l'impression que ça fait effet. » Il se tourna complètement vers elle, hésitant, se forçant à ne repenser à leur entière conversation. « J'espère te revoir un jour, si tu le souhaites bien sûr, et apprendre à connaître la Rowena que tu es devenue. Elle semble être quelqu'un de formidable avec bien des secrets à découvrir, malgré les apparences. » Le jeune prince se rapprocha d'elle et déposa un léger baiser sur son front, après avoir écarté doucement les quelques mèches de cheveux qui se trouvaient devant le visage de la Calormène. Leur conversation était loin d'être terminée, aussi était-il probable qu'ils se revoient un jour, en espérant qu'ils auraient laissé leur douleur et leur rancœur derrière eux...

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MessageSujet: Re: It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban   It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves | Rowena & Artaban EmptyJeu 13 Nov - 19:46


Artaban ▽ Rowena


I have died everyday waiting for you. Darling don't be afraid, I have loved you for a thousand years, I'll love you for a thousand more.
Le goût ignoble de son "remède" - qui passait plus pour de la vase que pour un médicament - lui restait dans la gorge et la fit frissonner de dégoût deux ou trois fois après qu'elle l'ait avalé. Il faut dire qu'elle n'avait plus autant bu depuis ses jeunes années, et encore. Elle ne resta pas devant le feu, craignant tout d'abord son estomac fragilisé qui mençait de rejeter cette affreuse mixture. Puis finalement elle entreprit de rincer les verres et d'en faire partir l'odeur au plus vite. Elle irait chercher des fleurs un peu plus tard, une fois qu'Artaban serait parti. Il ne s'était d'ailleurs pas vexé et était rentré dans son jeu. Est-ce qu'un autre prince aurait fait la même chose, même étant ivre ? Enfin, il faut dire qu'il était le seul noble qu'elle ait jamais connu comme un ami. Il ne l'avait pas remercié oralement pour l'avoir assis devant les flammes, sans doute n'y avait-il même pas pensé, mais lui sourit simplement. Le temps que l'effet de l'alcool s'estompe, il aurait séché davantage. Rowena espérait qu'il n'allait pas apparaître ridicule devant les seigneurs d'Archenland. Quelle image pour Calormen autrement. Après la réputation de barbare viendrait celle d'ivrogne... génial n'est-ce pas.

Comme elle le lui avait demandé, il donna quelques nouvelles de son père. Manifestement il ne savait pas énormément de choses, sinon que rien n'avait changé. Le vieux faisait de la résistance apparemment.
Il était toujours dos à elle lorsqu'il commença ses explications sur ce fameux "désolé". Si elle s'en était un peu doutée, ça faisait toujours plaisir de l'entendre de sa bouche. Egoïste peut-être, oui. Rowena se rapprocha du feu, les mains en avant pour les réchauffer. Elle ne prononça pas le moindre mot, préférant se taire pour une fois. Au moins éviterait-elle de dire une bêtise.
En revanche, elle répondit rapidement à sa question. Pour sûr qu'elle reviendrait. Calormen était son royaume. Et même si cette grotte avait fini par se faire une place dans son coeur, le sud était sa maison et il faudrait bien qu'elle retrouve ses racines un jour. Il ne s'agissait là que d'une question de temps.
La jeune femme fut heureuse d'apprendre qu'il se sentait déjà mieux. Il ne pleuverait certainement plus, il arriverait en un seul morceau au château et il pourrait remplir son devoir d'ambassadeur. Artaban exprima le souhait de la revoir, plus tard évidemment. Cependant il risquait d'être déçu. Rowena qui était une enfant timide, sage et obéissante s'amusait désormais à fabriquer des remèdes au goût affreux et des poisons des plus efficaces. Si elle se trouvait forte, elle doutait que sa "nouvelle" personnalité soit des plus intéressantes.

Elle sourit au calormène et l'accompagna jusqu'à la sortie de sa grotte. Son regard le suivit un instant, puis il disparut derrière des arbres. Rowena s'occupa du ménage, monsieur le prince ayant détruit pas mal de falcons et s'en alla chercher deux trois fleurs fraîches dans le bois. Elle évita bien sûr de repenser à tout ce qu'ils avaient pu se dire et sa seule pensée était de prier pour qu'il ne tombe pas de son cheval dans une flaque de boue.
(c) AMIANTE

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